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Eco-anxiété : « Etre passé à l’action a redonné du sens à ma vie »

Épisode 7 -

François a souffert d’éco-anxiété1. Pour sortir de l’angoisse paralysante, il s’est mis en action et a créé « Je suis ton voisin », un réseau de bulles d’entraide locales. Pour Ma vie en PLUS, il revient sur son parcours et nous délivre un message empreint d’humanisme.

D’où est née cette éco-anxiété ?

Je pense que ça a commencé en 2018 suite à diverses lectures sur l’effondrement de la société thermo-industrielle. Cette prise de conscience m’a mise dans un état anxieux. J’étais en colère aussi face au système qui ne bouge pas, qui place l’économie au-dessus de tout et qui pense qu’on trouvera toujours un moyen de s’en sortir. C’était des émotions assez fortes, entre la peur, la colère et l’incompréhension.

Quel a été l’impact de cette prise de conscience ?

Je suis entré en dépression. Me projeter dans le futur était très compliqué. Imaginer autant de morts, de souffrances, ça m’était insupportable. J’ai dû aussi faire le deuil de ce que je connaissais, de mon confort, de ma projection dans l’avenir.

Comment êtes-vous sorti de cette éco-anxiété paralysante ?

J’ai eu une sorte de révélation après la première manifestation pour le climat qui a rassemblé environ 75 000 personnes à Bruxelles. Je trouvais ça peu par rapport à l’ampleur du problème. Est-ce que ça représentait vraiment tous les gens qui avaient envie de manifester ? Je me suis questionné sur la façon de réunir toutes les personnes qui seraient motivées à agir. Comment agir ensemble ?

Vous vous êtes donc mis en action et avez créé « Je suis ton voisin ». Qu’est-ce que c’est ?

Oui, c’est vraiment le fait de me mettre en action à mon échelle, à mon petit niveau, qui m’a permis de quitter cet état d’anxiété paralysante. J’ai co-fondé « Je suis ton voisin ». Le projet part de l’idée que tout commence par le lien. J’ai voulu réunir les gens au niveau local, créer du lien entre voisin·e·s autour de l’écologie et de la question climatique. « Je suis ton voisin », ce sont des bulles d’entraide locales qui rendent accessible l’action collective près de chez soi et simplifient le passage à l’action.

Concrètement, que font ces bulles d’entraide locales ?

Chaque groupe a des réalités différentes et donc des activités différentes. Certaines bulles vont être très actives dans le travail autour d’un potager collectif avec l’organisation de workshops autour de l’alimentation. A Francheville, les villageois·es font des ateliers de mise en bocaux des légumes ou de fabrication de confitures maison. D’autres bulles vont plutôt s’entraider via des achats communs dans les commerces locaux de proximité ou via des échanges de biens et services.

Lorsqu’une bulle se forme, nous lui proposons 3 objectifs simples à atteindre qui agissent directement sur 5 facteurs du réchauffement climatique et la mise en danger de nos lieux de vie. Chaque bulle s’en empare comme elle le souhaite.

« Je suis ton voisin » crée également du lien entre les gens ?

Oui, ça permet de retrouver une sorte d’esprit communautaire. On partage un projet ensemble. Comment est-ce qu’on le cultive ensemble ? Comment est-ce qu’on fonctionne ensemble ? Et tout ça dans l’idée de préparer l’avenir. Quand on a créé le potager à Francheville, tou·te·s les habitant·e·s ont adoré l’idée car elles·ils avaient l’impression de vivre dans un village dortoir.

Aujourd’hui, vous pouvez affirmer que ce projet vous a sorti de l’éco-anxiété ?

Absolument ! Le fait d’être passé à l’action, de m’être mis en mouvement, même si c’est juste une petite goutte d’eau dans l’océan, a redonné du sens à ma vie.

Les gens qui sont conscients de la situation au niveau écologique se sentent souvent très seuls. Quand on se rend compte que les choses ne changent pas malgré la menace existentielle qui pèse sur la vie sur terre, c’est vraiment difficile à vivre. Aujourd’hui, je vois tous les jours les choses qui changent grâce à toutes ces bulles d’entraide qui se multiplient. C’est fantastique !

Ma vie en PLUS

Si vous ou l’un·e de vos proches souffrez d’éco-anxiété, n’hésitez jamais à consulter un·e psychologue qui pourra vous aider à sortir de l’angoisse. Solidaris rembourse vos consultations psychologiques à hauteur de 400€ par an.

Si comme Arlette, Pierrot, Jean-Pierre, Chantal, Margriet, Philippe, Paulette, Jean-Louis, François et Dominique qui ont participé à notre reportage, vous souhaitez intégrer ou constituer une bulle d’entraide, consultez la page Facebook de « Je suis ton voisin » pour un accompagnement sur mesure. C’est gratuit !

 

  1. Eco-anxiété : Anxiété face au dérèglement climatique.