Diabète : comment éviter ce « tueur silencieux » ?
Type 1 ou type 2 ? Réversible ou non ? Est-ce que je suis concerné·e ? La journée mondiale de lutte contre le diabète est l’occasion de faire le point sur cette maladie silencieuse qui passe parfois inaperçue… Entretien avec Anne Gérard, agente de prévention santé chez Solidaris Wallonie.
C’est quoi, en fait, le diabète ?
C’est une maladie chronique qui peut se résumer en un problème d’utilisation du sucre par nos cellules.
Nos cellules ont besoin d’énergie pour fonctionner. C’est le sucre, plus précisément le glucose, qui est notre source principale d’énergie. Pour entrer dans les cellules et leur fournir de l’énergie, le glucose a besoin d’une « clé » : l’insuline, une hormone qui est fabriquée par le pancréas.
Dans le diabète, il y a un problème avec cette « clé » : soit le pancréas n’en produit plus assez, soit il y en a encore, mais la « clé » ne correspond plus tout à fait à la serrure, le glucose entre difficilement dans les cellules. Or, lorsque les cellules n’utilisent plus correctement le glucose, sa concentration dans le sang (on parle de glycémie) va augmenter. Un diabète peut alors être diagnostiqué.
Quelle est la différence entre le diabète de type 1 et le diabète de type 2 ?
Ce sont presque deux maladies différentes même s’il s’agit toujours d’un problème de sucre dans le sang.
Le diabète de type 1 touche 1 diabétique sur 10. C’est une réaction auto-immune, c’est-à-dire que le système immunitaire de la personne produit des anticorps qui attaquent des cellules de son propre pancréas, justement les cellules chargées de produire l’insuline. Ça commence souvent tôt dans la vie, chez des personnes jeunes. Pour soigner ces personnes, il faut de l’insuline tous les jours.
C’est de loin le diabète de type 2 qui est le plus fréquent, 9 cas de diabète sur 10. Généralement, il se déclare chez des personnes de plus de 40 ans même si, ces dernières années, l’âge des personnes touchées a tendance à diminuer. Ici, le pancréas produit encore de l’insuline, mais c’est comme si la « clé » ne correspondait plus à la serrure, les portes ne s’ouvrent plus pour laisser entrer le glucose dans les cellules. Le pancréas fabrique même plus d’insuline que la normale pour que le taux de glucose n’augmente pas trop. A la longue, il s’épuise et la glycémie augmente encore…
Quels sont les signes du diabète ?
Malheureusement, pendant très longtemps, il n’y en a pas. On parle parfois de « tueur silencieux » parce que les taux de glucose trop élevés abîment petit à petit les artères sans qu’on le sache… jusqu’à aller finalement jusqu’à des maladies graves du cœur et des vaisseaux sanguins.
On diagnostique souvent le diabète de type 2 « par hasard », à l’occasion d’une prise de sang faite pour une tout autre raison. Ou alors au moment où des complications apparaissent…
Il y a une série de signes précurseurs pour lesquels il ne faut pas hésiter à consulter un médecin, dont une soif importante, un besoin trop fréquent d’uriner, une faim excessive, une fatigue qui s’installe ou des picotements dans les pieds et dans les mains.
Pourquoi est-ce que le diabète est dangereux ?
Les conséquences peuvent être nombreuses.
Il y a d’abord les dangers immédiats essentiellement dû à l’hypoglycémie : une hypoglycémie grave peut entraîner un coma et nécessite une intervention d’urgence!
Il y a, de l’autre côté, toutes les conséquences chroniques, sur le long terme, en lien avec l’hyperglycémie:
– Les artères s’abîment petit-à-petit, le sang circule moins bien… Des organes clés comme le cœur, le cerveau ou les reins peuvent ainsi être impactés. Le risque d’AVC, par exemple, est alors plus élevé.
– Les bactéries aiment le sucre. Or, avec un taux élevé de sucre dans le sang, elles peuvent proliférer avec le risque de développer toute sorte d’infections et de se retrouver avec des plaies difficiles à soigner.
– La vie sexuelle peut également être impactée puisque des vaisseaux moins irrigués. Une situation qui peut entraîner de l’impuissance ou une diminution du plaisir.
Comment attrape-t-on le diabète ?
Le diabète n’est pas une maladie contagieuse que l’on « attrape » d’une autre personne. L’apparition du diabète de type 2 est souvent liée à des facteurs de risque dépendant du mode de vie. La génétique joue aussi un rôle, c’est pour cela que les médecins demandent aux patients s’il y a des personnes diabétiques dans la famille. Le risque de diabète de type 2 augmente également avec l’âge. Découvrez ici le témoignage de Dounia, 23 ans, diabétique.
Comment, alors, se prémunir du diabète de type 2 ?
On peut éviter de développer le diabète en travaillant sur les facteurs de protection comme faire une activité physique régulière. Quand on parle d’activité physique, il ne s’agit pas forcément de faire du sport de façon intensive. Jardiner, se promener, faire le ménage, ce sont déjà des activités qui nous permettent d’éviter la sédentarité.
L’alimentation joue aussi un rôle préventif important : manger plus de fruits, plus de légumes, réduire ses apports en sucre et en graisse, diminuer sa consommation d’alcool ou de tabac…
Il est toutefois important de nuancer : on ne peut pas attendre massivement de changement individuel de mode de vie sans de vrais changements au niveau de la société ! On parle souvent de « société obésogène », on peut parler franchement aussi de « société diabètogène ». La responsabilité est avant tout sociétale, politique. Il faut un vrai programme intégré au niveau de l’état pour espérer un peu inverser la tendance. Ce genre de programme doit combiner différents types de mesures comme des mesures pour faciliter l’activité physique (pistes cyclables, trottoirs sécurisés, sport à l’école…) ou des réglementations concernant les produits alimentaires (la diminution des taux de sucre ou de graisses saturées dans les aliments, l’interdiction des publicités pour les produits défavorables à la santé, l’accessibilité financière des produits comme les fruits et le légumes…)
Ma vie en PLUS
Le site www.aucoeurdelasante.be propose un test qui permet de prédire les risques de développer un diabète. Il suffit de répondre à 9 questions toutes simples et on obtient un score. Si on obtient un score plutôt élevé, il est conseillé d’en parler à son médecin pour envisager un contrôle de la glycémie.