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Comment vont nos jeunes ?

Épisode 15 -

Au printemps 2023, Latitude Jeunes, l’organisation de jeunesse partenaire de Solidaris et l’Institut Solidaris ont récolté les avis de plus de 700 jeunes belges francophones âgé·e·s de 18 à 25 ans. L’enquête portait sur la santé, le climat, leur vision du monde politique et leur perception de l’avenir. Résultats : les jeunes vont mal ! Eléonore Naomé, chargée de communication chez Latitude Jeunes détaille les résultats et nous explique comment aider nos jeunes…

Qu’est-ce que cette enquête a révélé ?

On a récolté de nombreux chiffres. Je vous cite les principaux :

  • 41 % des jeunes sont souvent ou très souvent anxieux·euses, angoissé·e·s, voire en dépression.
  • 37% sont pessimistes pour leur avenir. Ce pessimisme est plus marqué chez les femmes que chez les hommes (47%) et il est aussi plus marqué chez les personnes qui ne s’identifient à aucune des deux catégories, homme ou femme (56 %).
  • Plus de 7 jeunes sur 10 pensent que leur génération aura de moins bonnes conditions de vie que celles de leurs parents.
  • La question climatique inquiète énormément aussi : 72% des jeunes sont inquiet·e·s face aux changements climatiques.
  • Au niveau politique, 64% des jeunes pensent que les politiques ne tentent pas vraiment d’agir ou n’agissent pas vraiment pour améliorer la qualité de vie de la population.
  • Et seul·e·s 23% des jeunes pensent qu’il y a un ou des partis qui défendent vraiment leurs idées.

Dans cette enquête on avait aussi des questions ouvertes dans lesquelles on demandait aux jeunes de nous expliquer leurs opinions. Un exemple de réponse : un quart des jeunes demandent plus d’écoute de la part des politiques.

Quand on parle de jeunes, de qui parle-t-on ?

Chez Latitude Jeunes, on n’aime pas parler des jeunes comme un groupe homogène car il y a plein de jeunes différent·e·s et plein de réalités très différentes. Cela se marque dans les résultats de l’enquête.

En matière de logement par exemple, si 61% des jeunes interrogé·e·s craignent de ne pas avoir les moyens nécessaires pour avoir un bon logement plus tard, ce chiffre descend à 40 % chez les jeunes issu·e·s d’une famille aisée et grimpe à 71% chez les jeunes issu·e·s d’un milieu modeste.

Le genre des jeunes interrogé·e·s influence aussi significativement certaines de leurs réponses. Par exemple, parmi les filles, 56 % d’entre elles sont engagées alors qu’ils ne sont que 40% chez les garçons.

Pourquoi est-ce que les jeunes vont mal ?

On a quand même beaucoup de raisons d’aller mal aujourd’hui… Il y a un climat anxiogène qui s’accentue depuis quelques années, avec le covid, la crise climatique, la guerre entre Israël et la Palestine ou en Ukraine, l’accumulation des crises… il y aussi le fait que beaucoup de jeunes se sentent peu entendu·e·s, ont l’impression que leurs problèmes ne sont pas pris au sérieux. Tout ça crée un environnement dans lequel c’est difficile de se construire et de se projeter.

On sait que certains facteurs sociétaux améliorent la santé mentale comme par exemple le fait d’avoir accès facilement à des soins de santé, le fait de vivre dans un environnement familial bienveillant, de bénéficier de la reconnaissance des autres, etc.

Aujourd’hui on a aussi énormément d’injonctions à « bien faire » en tant qu’individu qui nous renvoient à une responsabilité individuelle de notre bonheur/bien être. Alors que beaucoup de choses nous dépassent, nécessitent un changement structurel et ou une action collective. Le discours ambiant qui nous dit que nous sommes les seul·e·s responsables de notre état de santé physique et mentale est aussi très culpabilisant.

Il y a aussi pas mal de gens et particulièrement les jeunes, qui ressentent de l’éco-anxiété, qui puise sa source dans un sentiment d’impuissance face à l’état de la planète.

Quelles solutions pour aller mieux ?

Si vous avez un·e enfant ou un·e jeune adulte dans votre entourage qui ne va pas bien, vous pouvez l’aider de plusieurs façon :

  • l’écouter
  • ne pas asséner de vérités toutes faites mais écouter et poser des questions qui le ou la poussent à réfléchir et à s’exprimer ;
  • l’ aider à se renseigner en cherchant des sources d’information adaptées à son âge, en le ou la sensibilisant aux fake news, en cultivant son esprit critique…

Au niveau de la santé mentale, c’est très important pour nous de dédramatiser le sujet et de passer outre les tabous qui entourent la question. Chez les jeunes, cela peut passer par la diminution de la pression scolaire qui est souvent omniprésente, en questionnant, notamment, cette société dans laquelle on est toujours en compétition et où il faut toujours bien faire. On peut aussi dédramatiser l’échec ou encore écouter les jeunes lorsqu’ils ou elles parlent de harcèlement par exemple, situation qui a un impact significatif sur leur santé mentale.

Si vous êtes éco-anxieux ou anxieuse ou que vous avez un·e proche qui souffre d’éco-anxiété, ça peut être intéressant de réfléchir ensemble à des pistes d’action individuelles ou collectives. Réfléchir à sa consommation, adapter certains comportements du quotidien, rejoindre des organisations militantes ou encore aller manifester. De nombreuses études montrent que se mettre en action collectivement va avoir un impact positif sur la diminution de l’éco-anxiété et va permettre de sortir de ce sentiment d’impuissance.

Les solutions sont donc multiples ?

Oui et il n’y a pas de mauvaise solution tant que ça vous fait du bien ou que ça leur fait du bien. Pour certain·e·s le fait de rejoindre des groupes de jeunes comme Latitude Jeunes peut aider, ou bien s’engager dans des luttes, manifester, rejoindre des collectifs. Pour d’autres, ça peut être se recentrer sur soi-même, faire du sport, de la méditation ; se couper des actualités, voir un·e psy, échanger avec son entourage, … Quoi qu’il arrive : vous n’êtes pas seul·e !

Ma vie en PLUS

Quelle que soit votre situation, n’hésitez jamais à vous tourner vers les aides disponibles. Latitude Jeunes est là pour vous aiguiller, tout comme l’asbl Un Pass dans L’impasse qui oeuvre à l’amélioration de la santé mentale de la population.