Le harcèlement scolaire, comment y faire face ?

Souvent invisible, sournois et extrêmement violent, le harcèlement scolaire fait de plus en plus de victimes. On estime qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève sur trois serait victime de harcèlement scolaire. Que faire pour enrayer ce phénomène et surtout éviter les situations qui mènent à l’irréparable ?

Rencontre avec David Plisnier, psychologue et coordinateur du Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement (CRIH).

À partir de quand parle-t-on de harcèlement ?

Le harcèlement est une suite d’agressions et/ou d’intimidations intentionnelles et répétées se produisant dans une relation asymétrique (lorsqu’il y a une dominant et un dominé) et ayant pour résultats de nuire à la personne qui est la cible. Si ces 4 éléments ne sont pas réunis, il est fort probable que ce soit une situation de conflit et non de harcèlement.

Comment distinguer le harcèlement scolaire par rapport à de « simples » disputes  ?

« Un enfant qui va bien va vous raconter qu’il s’est disputé avec son copain le lundi et se réconciliera deux jours plus tard. Même si il y a de nouvelles disputes par la suite, ce n’est pas inquiétant. Les enfants testent leur relation à l’autre. Dans une situation de harcèlement, il n’a pas de moments où on fait la paix et il y a très souvent un rapport de domination ».

Comment savoir que son enfant vit une telle situation ?

« Tous les enfants ne s’expriment pas facilement sur ce qu’ils vivent à l’école. En tant que parent, certains signes peuvent nous alerter : un enfant qui a très souvent mal au ventre le dimanche soir ou le lundi matin alors qu’il n’a rien eu le week-end, ça c’est un signe qu’il se passe quelque chose. Pas forcément du harcèlement mais il faut investiguer, en parler avec lui. Il ne faut surtout pas banaliser ». Beaucoup de parents d’enfants harcelés disent ne rien avoir vu. L’enfant semblait gai, avoir des amis, bref rien ne laissait présager un tel drame.

Comment aborder le sujet avec l’enfant, comment l’aider ?

« Il faut montrer à l’enfant qu’il peut avoir confiance, qu’il peut compter sur vous. Un enfant qui va mal a besoin de deux choses : qu’on l’écoute et qu’on agisse. Dans cette situation, l’enfant doit sentir qu’on est avec lui et qu’on ne le laissera pas tomber, qu’on ira jusqu’au bout. Souvent les enfants harcelés sont convaincus que personne ne peut les aider et que la situation ne peut pas s’améliorer. C’est pour ça que certains en arrivent à des actes de désespoir ».

Comment aborder le problème avec l’école ?

« Malheureusement, la problématique du harcèlement scolaire est encore trop souvent insuffisamment prise en compte par les professionnels de l’enseignement. Par méconnaissance, par manque de temps, de moyens …. En tant que parent, il faut insister et ne pas hésiter à aller frapper à d’autres portes ».

La Ministre de l’Éduction en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir semble cependant s’emparer du problème avec des mesures concrètes. Un plan de lutte contre le harcèlement scolaire sera mis en place dès la rentrée 2024. Ce projet de décret dévoile deux axes majeurs : la création d’un observatoire du climat scolaire et un deuxième axé sur l’engagement des écoles dans un programme commun d’actions contre le harcèlement. Pour ce faire, les écoles seront dans un premier temps aidées par des spécialistes externes, pour devenir par la suite totalement autonomes.

Où aller chercher de l’aide ?

Des structures tendent à se mettre en place. L’an dernier, le premier Centre de Référence et d’Intervention Harcèlement en Belgique (CRIH) a vu le jour à La Louvière. Très limité dans ses moyens (il ne peut couvrir que quelques communes du Hainaut), ce centre croule littéralement sous les demandes. Heureusement, des structures comme Infor Jeunes ou les Centres de Planning Familial prennent également en charge cette problématique mais elles ne sont malheureusement pas assez nombreuses.

Afin d’élargir l’offre et augmenter le nombre de centres spécialisés dans la prise en charge d’enfants victimes de harcèlement, David Plisnier, coordinateur du CRIH, lance une pétition pour davantage de moyens.

Signez la pétition pour maintenir le financement du CRIH et ouvrir d’autres centres : https://urlz.fr/l2GT

Plus d’info sur le harcèlement scolaire : https://www.facebook.com/crih.hainaut/  et https://www.lesmotsdetom.be/

Besoin d’aide ?  Écoute enfant : 103 – numéro d’appel gratuit et anonyme, accessible tous les jours de 10h00 à 24h00.