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Les « VRAIES » questions à propos de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG)

Épisode 5 -

Et si on sortait des interrogations convenues et qu’on se parlait franchement de l’IVG ? De ce qui nous fait peur ! Est-ce que ça fait mal ? Combien ça coûte ? Doit-on être forte psychologiquement ? Comment ça se passe après ? Frédéric Brichau, coordinateur du Centre de Planning familial Willy Peers, répond à toutes ces questions sans langue de bois.

Une IVG, est-ce que ça fait mal  ?

Cela va dépendre de la tonicité de l’utérus et de la capacité de la femme à se détendre. Comme point de comparaison, certaines femmes ont des douleurs en période de règles et d’autres moins. C’est lié à la tonicité de l’utérus. Lorsqu’elles ont mal, c’est qu’elles ont un utérus qui plus dur lors des contactions et donc plus tonique. On ne peut pas dire qu’il y ait une méthode qui fasse moins mal que l’autre, et l’avortement ne fait d’ailleurs pas nécessairement mal.

L’utérus va se contracter avec la méthode médicamenteuse, et il se contractera également un peu avec la méthode par aspiration, à la manière d’un ballon qui se dégonflerait. C’est à ce moment-là que certaines femmes ont un peu mal et qu’on les accompagne avec des antidouleurs.

La décision va également jouer un rôle important. Quelqu’un qui est bien au clair avec sa décision et avec l’acte va ressentir les choses bien différemment d’une femme en grande ambivalence, victime d’un chantage affectif ou qui éprouve une culpabilité importante.

Est-ce qu’il y a des risques ?

Les risques sont limités pour autant qu’on soit, comme en Belgique, dans une situation où l’avortement est possible. Dans un pays où il y aurait des avortements clandestins ma réponse ne serait bien sûr pas la même. Le risque principal est lié à des infections qui pourraient profiter de l’intervention pour remonter dans l’utérus. Pour cela, un examen préparatoire sous forme d’un frottis préventif est prévu, et la·le médecin mettra en place un traitement si nécessaire. Le risque zéro n’existe, bien sûr, pas. Mais si on prend les chiffres de complications immédiates après avortement on est à moins de 1% sur l’addition de toutes les complications possibles. Et une complication n’implique pas non plus que la santé soit en danger!

Que peut-il y avoir comme complications ?

Les complications sont généralement des pertes de sang trop importantes, donc de type hémorragiques. En utilisant le mot « hémorragie », on a l’impression que l’on va se vider de son sang, ce qui n’est bien sûr pas le cas. Cela veut dire qu’elles sont simplement trop importantes par rapport à la norme. Il y a moyen d’intervenir sans avoir besoin de recourir à une transfusion ou quoi que ce soit de ce type.

On ne peut pas exclure, avec la méthode par aspiration, le risque de perforation de l’utérus, mais cela reste malgré tout assez exceptionnel.

Comment faire pour encaisser le choc psychologiquement ?

L’après-avortement au niveau psychologique est conditionné par le ressenti de chaque femme. Celles bien au clair lorsqu’elles consultent pour l’avortement se sentent plutôt soulagées et n’ont pas nécessairement besoin de revenir sur cet avortement dans les jours, les semaines ou les années qui suivent. Bien sûr, l’avortement entre dans un contexte qui est lié à l’histoire d’une personne ou d’un couple et le terreau qui a mené à opter pour une IVG cause parfois plus de douleur psychologique que l’IVG elle-même.

Combien coûte une IVG ?

L’ensemble de le prise en charge coûte à peu près 500 euros. Mais ce n’est pas ce que la patiente va payer dans un centre extra hospitalier ou un Centre de Planning familial. Il y a une prise en charge par la mutuelle et un ticket modérateur (quote-part à charge de la patiente) de 1,95 euros. Celui-ci sera payé lors de la prise en charge et un deuxième ticket modérateur de 1,95 euros sera dû au moment de l’avortement. Dans un centre hospitalier, il n’y a pas de convention à l’heure actuelle et donc le coût sera lié à la personne qui la prendra en charge et aux coûts de l’hôpital.

Qu’en est-il de l’entourage et de la discrétion ?

Les Centres de Planning familial sont tenus au secret médical et au secret professionnel. Par rapport à son entourage, la personne a le choix de le mettre au courant ou pas. Que ce soit ses parents, sa famille, des amis, son partenaire, ce sera à elle de choisir. Elle peut venir seule ou accompagnée pendant la prise en charge, là aussi ce sera sa décision. Nous discutons de cette situation en fonction de son histoire et du contexte, mais au final la décision lui appartient, comme la décision de mêler ou non d’autres personnes à la discussion afin d’avoir d’autres avis et essayer de prendre une décision commune. Mais ce n’est en aucun cas une obligation.

Où se pratique l’IVG, concrètement ?

Dans les Centres de Planning familial, il y a des cabinets médicaux classiques. On y pratique en temps normal de la petite gynécologie, et ils sont équipés en supplément pour pratiquer l’avortement avec un échographe, du matériel pour la dilatation et l’aspiration et une pompe d’aspiration. Cela ne nécessite en réalité pas de gros matériel. Pour la méthode médicamenteuse, il y a juste à attendre. La·le médecin pratiquera éventuellement une échographie pendant le processus mais c’est tout. Il y a aussi une pièce où la patiente pourra rester pendant un certain temps si elle en ressent le besoin.

Comment se déroule une IVG ?

Il y a d’abord ce que, dans notre jargon, nous appelons « l’accueil ». C’est en fait le premier contact pour prendre rendez-vous par rapport à une demande d’avortement. On va simplement y prendre quelques informations par rapport à la femme et sa situation et lui fixer un premier rendez-vous physique, qui est la deuxième étape. Lors de ce premier rendez-vous, il y a un entretien psycho-social et un examen médical avec la·le médecin. Ensuite, il y a la période légale de réflexion de 6 jours. Au bout de celle-ci, on arrive, si la patiente est décidée à interrompre la grossesse, à la troisième étape qui est l’avortement. Deux méthodes sont possibles, la méthode médicamenteuse ou la méthode par aspiration. Enfin, il y aura une quatrième étape qui sera la visite de contrôle pour s’assurer que tout va bien.

Quelle est la meilleure méthode : les médicaments ou l’intervention par aspiration ?

Cela va dépendre très fort de la personne, de sa perception et de sa situation. On ne peut pas dire que la méthode médicamenteuse soit plus facile contrairement à ce que certaines personnes pourraient penser. Certaines femmes nous disent d’ailleurs qu’elles n’auraient pas dû opter pour cette méthode. On ne peut pas dire non plus que la méthode par aspiration soit plus difficile nécessairement. Comme elle est assez limitée dans le temps, beaucoup de femmes nous disent qu’elles s’attendaient à pire.

Peut-on reprendre le travail après une IVG ?

Normalement, pas le jour même mais le lendemain. En fonction du type de travail, on pourra conseiller de prendre un jour supplémentaire. En soi, les jours qui suivent une IVG sont un peu comme une période de règles. On a des pertes de sang et éventuellement de petites crampes. Chacune a un vécu de règles un petit peu différent. Mais cela reste tout à fait possible de reprendre ses activités. Certaines femmes sont allées travailler le soir-même !

Ma Vie en PLUS

Retrouvez sur www.planningsfps.be un dossier qui vous informe sur vos droits et vous fournit des informations fiables et pratiques sur l’interruption volontaire de grossesse. Être informée permet d’être rassurée et de pouvoir décider en connaissance de cause de poursuivre ou non une grossesse. Choisir si l’on veut avoir des enfants ou non, avec qui, et à quel moment est un droit fondamental des femmes. Ce droit doit être respecté.