Comment expliquer les règles à sa fille ?

Votre fille grandit et son corps change. Elle a besoin d’être guidée pour bien comprendre ce bouleversement. Beaucoup de parents ne savent pas quand, ni comment parler des règles à leur enfant. Il n’est, bien sûr, pas toujours facile de voir sa petite fille devenir une jeune femme mais vos explications ainsi que l’évocation de votre propre expérience peuvent l’aider à atténuer ses craintes et à apprivoiser son nouveau corps.

Clémence Hecq du planning familial vous donne des pistes pour vous guider et appréhender au mieux la question avec votre enfant.

À quel âge est-il judicieux d’aborder le sujet avec sa fille ?

À titre indicatif, sachez que les règles surviennent environ deux ans après l’apparition de la poitrine et des premiers poils. On situe l’âge de la puberté chez les « filles » aux alentours de 10-11 ans. Il est important que le sujet ait été abordé au préalable avant que les règles n’arrivent pour ne pas qu’il y ait une dose d’informations d’un coup, une incompréhension totale voire même une panique. Cela dépendra de chaque enfant, il n’y a pas un âge précis mais on dit aussi que l’âge auquel la fille aura ses règles n’est souvent pas très éloigné de celui auquel la mère a eu les siennes.

Si votre enfant vous pose des questions sur les règles, qu’importe l’âge, c’est un bon indice qu’il y a là une curiosité qui cherche des réponses et il est important de lui en apporter en adaptant votre réponse en fonction de son âge.

Quels sont les conseils pour ne pas l’effrayer ?

Adapter le discours en fonction de son âge. Trouver un moment approprié où votre enfant se sent en sécurité et disponible émotionnellement pour échanger avec vous. Vous pouvez aussi rendre ça ludique en utilisant des dessins, des petites vidéos appropriées, un livre, …

Souvent nous sommes nous-mêmes effrayé.e.s à l’idée d’aborder l’anatomie, le corps, l’intimité avec notre enfant mais ne confondons pas nos peurs avec celles de l’enfant. Il est fréquent que nous soyons plus mal à l’aise que l’enfant à l’idée d’aborder ce sujet.

Avoir ses règles n’est pas toujours une expérience confortable et agréable, il est donc important d’être à l’écoute de toutes les émotions qui sont liées à l’évènement. Se montrer rassurant.e et disponible si votre enfant en a besoin. Rassurez-le sur le fait que peut-être maintenant ça semble difficile à gérer et à apprivoiser mais qu’en grandissant, ça peut devenir un jour comme un autre.

Rappeler que le sang n’est pas sale et relativiser ; c’est normal et naturel. Il peut être bien de rappeler que dans beaucoup de cultures, les règles sont vues comme quelque chose de très beau et positif, qu’on danse, qu’on mange, qu’on chante et que c’est une célébration.

Bref, rappeler qu’on peut décider de voir ses règles positivement et joyeusement. Et de les vivre à sa manière et de faire les choses qui nous font du bien.

Comment faire pour aborder le sujet sans (trop) parler de sexualité ? Jusqu’où faut-il aller dans les explications ?

Partir de ses propres représentations et de ses propres questions. Cela permet d’évaluer déjà le niveau de connaissance de l’enfant et le niveau de réponse à apporter. On pense bien souvent que nos enfants partent de zéro et c’est rarement le cas !

Quand notre enfant nous pose une question, par exemple, « c’est quoi les règles ? ». Avant de répondre directement à la question, lui demander « et toi, tu penses que c’est quoi les règles ? » « Et toi ? Tu sais quoi des règles ? ». Toujours partir de votre enfant, de ce qu’il sait déjà.

Utiliser des mots simples pour s’assurer que votre enfant comprenne mais utiliser des mots justes. Nommer les choses telles qu’elles sont. Une vulve est une vulve, un vagin est un vagin, un utérus est un utérus. Ce ne sont pas des gros mots, ce sont des mots anatomiques au même titre que « coude », « épaule » ou « pied ». Eviter d’utiliser un répertoire métaphorique ou de sublimer les choses.

En animation on utilise des illustrations pour montrer ce qu’il se passe à l’intérieur du corps lors du cycle menstruel. Si votre enfant vous demande « pourquoi » on a nos règles ? Comment ça se passe ? Ça peut être intéressant de montrer le trajet d’un ovule, le petit nid douillet de sang qui se construit.

Questionner votre enfant avant d’expliquer tout vous-même. Par exemple : à ton avis, pourquoi le corps fabrique un petit nid douillet (dans l’utérus) ? Cela peut également ouvrir la conversation sur d’autres sujets comme la maternité, le consentement

Faut-il parler des protections hygiéniques ?

Ça peut. Peut-être que la discussion peut se faire en plusieurs fois pour ne pas bombarder de trop d’informations d’un coup.

Dire qu’il y a plein de méthodes pour récolter le sang et qu’il faut trouver ce qui nous convient : culotte de règles, serviettes menstruelles, tampons,…

On peut aussi en laisser dans la salle de bain, à vue, avoir une petite boite avec des protections menstruelles, ça permet encore de lever le tabou et d’en faire quelque chose d’aussi banal qu’un coton tige.

Souvent cette conversation aura lieu entre une maman et sa fille mais comment faire lorsque c’est le papa qui est amené à le faire ?

Il est important, qu’importe notre genre, d’être « period friendly » et d’être un allié même si on n’a pas d’utérus. Vous êtes légitimes messieurs d’en parler au même titre qu’une femme, n’hésitez pas à vous renseigner avant. Il existe des papas qui ont écrit des ouvrages sur le fait d’être un papa et d’expliquer les règles à sa fille. Et c’est important que les hommes en parlent aussi.

Tout comme, si vous avez un fils, ne l’excluez pas de la conversation. N’en faites pas « un sujet de fille ». Éduquer les garçons aux règles, au fonctionnement différent de leur corps est primordial pour plus de compréhension, moins de séparation des genres, plus de bienveillance, moins de violence.

Et si pour des raisons personnelles, culturelles ou autre vous ne vous sentez pas à l’aise et adéquat en tant qu’homme, vous pouvez faire appel à d’autres figures ou professionnel.le.s pour vous aider. Ça n’empêche que vous pouvez soutenir votre fille différemment. Par exemple, en lui amenant une infusion, une bouillotte quand elle a ses règles, en achetant des protections menstruelles, en la soutenant dans ses émotions et sensations corporelles… Vous n’êtes pas obligé de tout connaitre sur les règles pour soutenir votre fille et être présent pour elle.

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