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L’avortement en 10 questions

Épisode 7 -

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) soulève un flot de questions, tabous et autres préjugés. Frédéric Brichau, coordinateur du Centre de Planning familial Willy Peers, lève le voile sur cette réalité en répondant à toutes nos questions. 

  1. Quelles sont les différentes manières d’avorter ?

Il existe aujourd’hui deux techniques pour pratiquer un avortement. La technique médicamenteuse par pilule abortive et la technique chirurgicale dite par aspiration. Cette deuxième méthode peut se pratiquer sous anesthésie locale ou générale.

  1. Quelle est la particularité de la méthode par aspiration ?

Celle-ci est pratiquée sous anesthésie locale du col de l’utérus, ce qui permet de dilater le col de quelques millimètres pour accéder à l’utérus. L’intervention peut également s’effectuer sous anesthésie générale. Dans ce cas, l’intervention ne pourra avoir lieu qu’en milieu hospitalier. Toutefois, ce n’est pas systématique en raison des risques qui y sont liés et l’intervention coûte aussi plus cher.

La·le médecin introduit une sonde par le vagin jusque dans l’utérus. Cette sonde aspire le contenu de la cavité utérine. L’aspiration est très courte et ne prend que 3 à 5 minutes, l’intervention dans son entièreté dure, quant à elle, entre 15 à 20 minutes. Elle comprend l’anesthésie locale, la dilatation du col de l’utérus et l’aspiration.

Il faut ajouter, à ces 20 minutes d’intervention, la prémédication, autrement dit les médicaments à prendre à l’avance, et le temps de repos qui suit l’intervention et qui peut varier d’une femme à l’autre. La méthode par aspiration se déroule en une seule étape, en dehors de l’entretien préalable et du rendez-vous de contrôle ou de suivi.

  1. Que se passe-t-il avec la méthode médicamenteuse ?

Contrairement à l’approche chirurgicale, ici c’est le corps qui va travailler et expulser l’embryon, ce qui peut être assimilé à une fausse couche. Elle est donc dite « passive », et se pratique en deux étapes. La première est la prise d’un médicament en présence d’une personne habilitée, un·e médecin ou un·e accueillant·e.

Ensuite, 36 à 48 heures après la prise du premier médicament, la patiente doit revenir et rester durant 4 heures, sous surveillance, au Centre de Planning familial pour y prendre un autre médicament qui provoque des contractions dans l’utérus et déclenche l’expulsion de l’embryon par voies naturelles. Durant ce laps de temps, la·le médecin et l’accueillant·e auront l’occasion de surveiller les réactions suite à la prise du médicament ainsi que l’évolution de l’expulsion. L’expulsion ne se produira pas forcément durant la période au centre. Elle peut survenir le soir ou même le lendemain. La·le médecin ou l’accueillant·e donneront tous les conseils pour que celle-ci se passe au mieux.

  1. Quelle est la méthode la plus pratiquée ?

La méthode par aspiration car son accès est plus large que la méthode médicamenteuse qui est, elle, plus restrictive.

  1. En quoi la méthode médicamenteuse est-elle plus restrictive ?

La méthode médicamenteuse est pratiquée en fonction de l’âge de la grossesse. Au-delà de 7 ou 8 semaines d’aménorrhée (absence de règles), cette méthode n’est plus pratiquée. Comme elle est dite passive, c’est-à-dire qu’elle fait appel au travail du corps, on ne peut pas prévoir avec exactitude quand les choses vont se produire. Cette donnée doit être prise en compte si la patiente devait avoir des difficultés à communiquer, ou qu’elle manque de souplesse dans ses déplacements, ou encore s’il faut faire preuve d’une extrême discrétion. Les antécédents médicamenteux de la patiente sont également déterminants dans le recours à cette méthode.

  1. Quels sont les avantages/inconvénients liés à chaque méthode ?

On ne peut pas vraiment dire qu’il y a des plus ou des moins, mais il y en a une qui est « active », par aspiration, et une considérée comme « passive » par traitement médicamenteux. Pour rester dans l’objectivité, la·le médecin pratiquera un principe de feu vert ou feu rouge. Si pour des raisons médicales, d’âge de la grossesse ou toute autre raison objective, l’une des deux méthodes doit être écartée, il n’y a plus le choix. Sinon, le choix final revient à la patiente.

Un critère objectif qui peut influencer le choix est l’étalement dans le temps de chaque méthode. La version chirurgicale se limite à une vingtaine de minutes alors que la version médicamenteuse est plus diluée dans le temps. On ne peut prédire à quel moment précis l’avortement se déclenche mais uniquement la période pendant laquelle le corps va travailler. Chaque corps étant différent, on ne peut pas certifier des délais.

  1. Une méthode est-elle plus efficace qu’une autre ?

Les deux ont une très bonne efficacité, même si le risque zéro d’échec n’existe ni dans l’une ni dans l’autre. Pour l’intervention chirurgicale, le contrôle s’effectue immédiatement, grâce à la présence médicale. Dans le cas de l’option médicamenteuse, il faudra attendre la visite de contrôle pour s’assurer du succès de l’intervention. Son efficacité va aussi varier en fonction de l’âge de la grossesse. Mais si tout a été respecté, son efficacité reste excellente.

  1. Comment choisir ?

Au-delà de l’aspect purement médical ou de l’âge de la grossesse, un ensemble de critères peuvent influencer le recours à l’une ou l’autre méthode. Si la patiente rencontre des difficultés à se déplacer, ou qu’elle est victime de violences conjugales et qu’il faut impérativement rester extrêmement discret sur le recours à l’IVG, la méthode chirurgicale sera privilégiée. Mais en dehors de contre-indications médicales, le choix final reviendra toujours à la patiente.

  1. Quelle est la méthode la plus pratiquée ?

Parce qu’elle a un accès plus large, la méthode par aspiration est plus pratiquée. Aujourd’hui en Belgique francophone, 40% des IVG s’effectuent par voie médicamenteuse et 60% sont chirurgicales. Mais il arrive que ce chiffre évolue comme par exemple en période de COVID où la difficulté d’avoir un contact direct avec les patientes a entraîné le recours plus fréquent à des IVG médicamenteuses.

  1. Est-on remboursé sur une IVG ?

Les centres extrahospitaliers ont signé une convention avec l’INAMI qui donne une excellente prise en charge de l’IVG par les mutuelles. Le montant que la patiente devra débourser est de deux fois 1,95 euros, soit moins de 5 euros.

Ma Vie en PLUS

Afin que le prix des frais annexes n’intervienne pas dans le choix du recours à une IVG chirurgicale ou médicamenteuse, Sofelia a intégré le prix des médicaments dans les 3,90 € que la patiente devra payer.