Règles : comment le tabou nuit à la santé
Les règles concernent directement la moitié de l’humanité. Et ce, tous les mois pour une grande partie de la vie. Pourtant, c’est encore un sujet méconnu, voire tabou! Alice Gaspar, chargée de missions à la Fédération des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes (FCPF-FPS), explique comment inverser la tendance.
Près de 100 millions de jeunes filles ratent une semaine d’école par mois dans les pays émergeants et ce à cause de leurs règles. Dans de nombreux pays, les règles sont l’un des premiers facteurs de déscolarisation des femmes avec le mariage forcé. En Belgique, il n’en reste pas moins que le tabou entourant les menstruations est encore une réalité qui provoque des dégâts sur la santé des femmes.
Les règles sont-elles encore un tabou dans notre culture ?
Oui, il est encore très présent, on peut le voir à travers les publicités pour les serviettes périodiques où le sang est souvent représenté en bleu. D’après une étude réalisée en 2018 aux Etats-Unis, 58% des femmes ont encore honte par le fait d’avoir leurs règles. Et d’après un appel à témoignages lancé par la Fédération des Centres de Planning familial des FPS, 53% des personnes estiment ne pas être suffisamment informées sur ce que sont les règles, comment ça fonctionne.
Quelles sont les conséquences ?
Lourdes, surtout pour la santé des femmes. Les règles sont un signe de bonne santé, de bonne forme physique pour le corps féminin. Et donc le fait de ne pas oser en parler, ou peut-être que ce ne soit pas un sujet facile à aborder, permet une moins bonne prise en charge des pathologies liées aux règles. La prise en considération du cycle menstruel dans l’approche de la santé des femmes peut-être un indicateur supplémentaire permettant une meilleure prise en charge de la santé générale des patientes.
Un souci de règles peut en cacher un autre ?
Effectivement, un problème de menstruations, qu’il s’agisse de douleurs, de pertes anormales ou d’autres symptômes liés au cycle menstruel, peut dissimuler plusieurs maladies. La plus connue est l’endométriose, qui touche une femme sur dix en âge de procréer. Il y a aussi le syndrome prémenstruel, qui concerne 80% des personnes menstruées. On peut aussi penser au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une maladie hormonale liée au cycle menstruel.
Comment briser le tabou ?
Il n’y a pas d’âge pour parler des règles. Si vous ne vous sentez pas à l’aise d’en parler à vos enfants, n’hésitez pas à les rediriger vers des professionnel·le·s de la santé, vers des Centres de Planning familial qui sont spécialisés dans l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dont les règles font partie. Il nous semble important que tous et toutes, garçons ou filles, soient informé·e·s afin de créer un plus grand sentiment d’empathie et de déconstruire le tabou.
Les protections doivent-elles sortir du tiroir de la salle de bain ?
Oui, effectivement. Peu importe qu’on ait nos règles ou pas, c’est vraiment important d’être sensible au fait que cela exerce une influence sur la vie des personnes qui les ont. Mais aussi que la vue d’un tampon n’est pas honteuse. A ce propos, nous préférons parler de « produit menstruel » car « protection hygiénique » continue à faire perdurer le tabou sur le fait que c’est sale, qu’on devrait s’en protéger.
Ma vie en Plus
Des questions sur les menstruations ? Les Centres de Planning familial proposent, entre autres, des consultations gynécologiques. Pour les coordonnées des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes : www.planningsfps.be. Pour les coordonnées de tous les Centres de Planning familial à Bruxelles et en Wallonie : www.loveattitude.be.