Burn-out parental : accepter pour s’en sortir
Le burn-out parental touche environ 200 000 parents en Belgique. Qu’est-ce que le burn-out parental ? Suis-je concerné·e ? Comment s’en sortir ? Réponse avec Sylvain Toisoul, psychologue chez Solidaris.
Qu’est-ce que le burn-out parental ?
De façon générale, pour faire face à une situation de stress, il est important pour tout individu que la balance entre ses capacités et ses ressources soit en équilibre. Lorsque nous n’avons pas les ressources suffisantes pour faire face à un quotidien stressant avec nos enfants, nous nous épuisons. C’est ainsi que, progressivement, le burn-out parental s’installe. Il ne nous tombe pas dessus du jour au lendemain, il s’inscrit sur le long terme et sur une échelle de gravité, de l’épuisement au burn-out parental avec de multiples symptômes, du plus léger au plus grave.
En quoi est-il différent de la dépression ou du burn-out professionnel ?
Les personnes souffrant de burn-out professionnel ou de burn-out parental présentent des symptômes communs mais elles présentent également des symptômes spécifiques liés au domaine qu’il touche, la sphère professionnelle ou familiale.
La dépression n’est pas du tout similaire au burn-out. La maladie n’agit pas de la même façon, c’est très individuel contrairement au burn-out qui se développe dans la relation avec l’autre. Les symptômes sont également différents : la personne n’a plus envie de vivre, se laisse totalement aller, ne trouve plus rien qui l’anime. Ce n’est pas forcément le cas avec un burn-out parental. La·le parent est toujours conscient de ce qu’il aime faire (peindre, faire du vélo…) et peut donc se ressourcer dans ces activités. Elle·il sait qu’il s’agit d’un état passager « Je suis EN burn-out » tandis que la personne dépressive s’identifie à son trouble « Je suis dépressif/dépressive ».
Quels sont les signes qui doivent nous alerter ?
La personne commence par se sentir fatiguée, épuisée au-delà de la fatigue passagère. Elle dort moins bien donc s’épuise encore plus. Elle devient irritable avec sa famille et s’énerve plus rapidement sur les enfants. Elle peut également rabattre son malaise dans des addictions comme l’alcool par exemple.
En cas de burn-out parental avancé, on constate de l’agressivité envers les enfants et un désengagement complet du rôle parental. Ce sont, par exemple, des personnes qui vont être épuisées à la seule perspective de s’occuper des enfants après l’école ou les punir de manière répétée et fréquente alors qu’avant, la relation était saine et sereine.
Que faire pour sortir du burn-out parental ?
D’abord, il est primordial de reconnaitre et d’accepter que nous avons un problème. C’est une première étape indispensable qui est souvent difficile à franchir. Lorsque l’on sent que l’on bascule vers le burn-out parental et qu’on en a pris conscience, l’aide d’un·e professionnelle est requise. Agir tôt permet d’éviter la dégradation de la relation avec ses enfants et de repartir dans la bonne direction. L’entourage peut aider à l’identification du problème, fournir des points de repère : « je vois que tu es plus agressif, que tu t’énerves plus ». La famille peut agir comme lanceur d’alerte. Par contre, pour s’en sortir et répartir dans la bonne direction, c’est un·e psychologue qu’il convient de consulter. Les consultations sont aujourd’hui très bien remboursées.
Est-ce qu’il y a des personnes davantage susceptibles de tomber dans le burn-out parental que d’autres ?
Les personnes qui surinvestissent le rôle parental, au détriment des autres rôles du quotidien, peuvent être plus touchées que d’autres. Les besoins des enfants priment sur les leurs. Une situation qui ne peut durer. La·le psychologue va aider à mettre ses mécanismes en évidence et travailler sur les causes du burn-out parental qui peuvent être diverses.
On constate également un lien entre le burn-out parental et la charge mentale. Les femmes sont souvent plus touchées car elles ont tendance à anticiper tous les besoins des enfants tandis que les hommes vont plutôt laisser l’enfant vivre ses expériences avec moins de stress. Si les mœurs évoluent et les pratiques également, de nombreuses femmes assument encore une grande partie des tâches ménagères liées ou non aux enfants. Un meilleur équilibre dans la répartition des tâches au sein du foyer peut aider.
Enfin, il y a des facteurs de risque, comme le fait d’être une famille monoparentale, le fait de vivre à plusieurs dans un petit appartement, le confinement dû au Covid ou encore le nombre d’enfants.
Ma vie en PLUS
Vinciane, 40 ans, deux enfants, divorcée
Je ne sais pas comment c’est arrivé. Un jour, je me suis retrouvée en pleurs dans le cabinet de mon médecin traitant qui m’a parlé de cette maladie que je ne connaissais pas : le burn-out parental. Depuis des mois, j’étais en mode pilote automatique, je ne prenais aucun plaisir à jouer ou m’occuper des enfants. Je voulais bien faire mais je n’avais pas vraiment de reconnaissance de la part de mes proches. Je me mettais la pression pour y arriver. Les enfants devaient manger à 18h30 par exemple. Si j’avais du retard, c’était un drame. Même chose s’ils n’avaient pas mangé assez de légumes sur la journée. Personne ne voyait le cercle vicieux dans lequel je m’enfonçais et moi non plus ! Un jour, ma maman, qui devait venir garder les enfants, a eu un empêchement de dernière minute. J’ai totalement craqué, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Après 1 mois d’arrêt maladie et un suivi psy de plusieurs mois, j’ai pu identifier mes problèmes et les corriger. Aujourd’hui, toute la famille va très bien.
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