Qu’est-ce que le « quatrième trimestre de la grossesse » ?
On parle peu du « post-partum », cette période qui suit l’accouchement et au cours de laquelle se présentent de nombreuses modifications physiques, émotionnelles et familiales. Laudine Lahaye, chargée d’études auprès de Soralia, nous parle de cette période très particulière dans la vie d’une femme.
#1 Le post-partum ou le grand bouleversement
Le terme post-partum désigne les jours, semaines et mois après la naissance. On le nomme aussi le « quatrième trimestre de la grossesse ». Cette dénomination, popularisée par la sage-femme Ingrid Bayot, met en évidence qu’une partie importante de l’expérience de la grossesse, n’est pas prise en compte. Pendant la période qui suit directement l’accouchement, le corps de la maman éprouve de grands bouleversements. L’évacuation de morceaux de la muqueuse utérine engendre des pertes de sang parfois assez conséquentes. L’utérus reprenant sa taille initiale, il peut y avoir encore des contractions. L’intensité de l’accouchement peut également amener des douleurs musculaires dans les bras, le dos, les épaules ou les jambes. La fluctuation hormonale peut éventuellement engendrer une perte de cheveux. La distension du périnée peut mener à des douleurs au moment d’uriner ou de déféquer, ou encore à de l’incontinence urinaire. L’arrivée d’un enfant n’est pas anodine, elle modifie la dynamique familiale. Cela demande de se réorganiser et de retrouver ses marques. C’est donc un moment particulier à ne surtout pas négliger si on veut le vivre au mieux.
#2 Un tabou, encore et toujours
Le corps à peine sorti d’une grossesse et d’un accouchement ne correspond pas aux normes de beauté habituelles qu’on attribue aux femmes. Il présente peut-être des cicatrices, des vergetures, des rondeurs. Au regard des standards véhiculés dans les magazines, la publicité, la télévision, les concours de mannequins, il y a bien sûr un décalage… parfois ressenti par les femmes avec un sentiment de honte. En découle, pour certaines, la difficulté de parler ou d’exposer leur corps post- grossesse. Il en va de même pour la sexualité : de nombreuses femmes ressentent une pression pour rapidement retrouver un corps expurgé de ces stigmates et une activité sexuelle d’avant la grossesse. Or, il faut un certain temps avant que la situation se normalise. C’est quelque chose que la société n’est pas encore prête à entendre.
#3 L’instinct maternel, un mythe à démonter
La naissance et l’arrivée d’un enfant sont fantasmées comme quelque chose de merveilleux. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Il y a des situations où ce n’est pas facile, où ce n’est pas l’amour fou au premier regard. Le mythe de l’instinct maternel qui implique une connaissance innée et un amour infini pour l’enfant empêche de parler du post-partum. Celui-ci remet en question certaines choses que l’on croit acquises dès le premier contact avec son enfant comme cette fameuse sensation de plénitude. Pourtant, l’accouchement représentant un effort physique considérable, entraînant une énorme fatigue, il est assez logique qu’il génère d’abord une envie et un besoin de se reposer avant de pouvoir ressentir ce bonheur absolu de la rencontre avec son enfant.
#4 La confusion avec le baby blues et la dépression post-partum
Il est important de ne pas confondre la période du post-partum avec la dépression post-partum et le baby blues. Le baby blues désigne les quelques jours qui suivent l’accouchement, marqués par un bouleversement émotionnel, et accompagnés parfois d’un sentiment de tristesse, qui est habituellement assez passager. A l’inverse, la dépression post-partum va s’inscrire dans la durée. Elle peut s’étendre sur plusieurs semaines, plusieurs mois, voire des années si elle n’est pas traitée. Chez les mamans souffrants de dépression post-partum, on constatera des sentiments très forts de culpabilité, de honte, un sentiment de solitude et l’impression de ne jamais pouvoir s’en sortir. Il y a aussi un sentiment de détachement émotionnel vis-à-vis du bébé, c’est-à-dire une absence de ressenti, du dégoût ou du rejet. La période du post-partum désigne, elle, la période qui suit l’accouchement.
#5 La sororité, clé d’un post-partum serein
Il existe beaucoup de littérature consacrée au post-partum, dont deux références : le livre d’Ingrid Bayot sur le quatrième mois de la grossesse, et « Ceci est notre post-partum » de Illana Weizman. On trouve aussi des vidéos sur le sujet mais l’idéal reste de pouvoir en parler le plus possible avec sa maman, sa sœur, ou toutes les femmes de son entourage. L’idée est de reconstruire de la sororité, de la solidarité entre femmes autour de ces questions car c’est cela qui s’est réellement perdu aujourd’hui.
#6 Le congé de naissance, un combat majeur
Soralia, en tant que mouvement féministe, tient à une évolution de la société dans son ensemble et au fait que la mise en œuvre des changements ne soit pas de la seule responsabilité des femmes. Concernant les conditions de vie de la maman durant le post-partum, plusieurs pistes sont mises en avant. Par exemple, le renforcement de l’accompagnement à domicile peut venir en aide aux jeunes parents dans la vie quotidienne. Une autre nécessité est l’allongement du congé de naissance, en particulier celui du congé de paternité. C’est un combat que Soralia porte au quotidien. La présence du coparent auprès de la mère, pendant la durée la plus longue possible, est une donnée essentielle pour que la période du post-partum puisse être vécue sereinement. Une expression dit qu’« il faut tout un village pour élever un enfant », elle exprime parfaitement la raison pour laquelle il faut que la maman soit entourée le plus longtemps possible et ce, dès les premiers jours de l’enfant.
Ma Vie en PLUS
Sur le site de l’association Soralia, vous retrouverez l’analyse des enjeux et des défis du post-partum. Sur Instagram, le hashtag #MonPostPartum existe également et trouve résonnance chez de nombreuses femmes.