Les écrans avant 3 ans : danger ou fausse polémique ?
Alors que la France parle d’interdire l’usage des écrans aux moins de 3 ans, nous nous posons des questions. Est-ce que les écrans sont vraiment dangereux ? Pourquoi une différence en fonction des âges ? Que faire en tant que parents ? Cindy Mottrie, Psychothérapeute du lien parents-bébé au Centre médical pédiatrique Clairs Vallons a répondu à nos questions.
Allons droit au but : est-ce que les moins de 3 ans peuvent regarder les écrans sans danger ?
Non, je ne pense pas. Avant 3 ans, il faut éviter les écrans au maximum, surtout avant 2 ans. Entre 2 ans et 3 ans, l’usage des écrans doit être très ponctuel et toujours accompagné.
Pourquoi ? Quel est le problème des écrans ?
Un·e enfant devant un écran se trouve dans une position passive. Il ou elle passe donc moins de temps dans le mouvement de son corps, de ses mains ou encore dans l’observation de ce qui se passe dans la pièce. Les petit·e·s, pour se construire, ont vraiment besoin de ces mouvements. Ils ou elles ont besoin d’avoir un·e autre humain face à eux qui va s’ajuster et réagir de telle ou telle façon en fonction de leurs productions. C’est comme ça que les apprentissages se font.
Devant un écran, les enfants reçoivent également une explosion de stimulations visuelles qui vont les captiver, les sidérer, les submerger. Or, leur système nerveux n’est pas du tout prêt à emmagasiner autant de stimulations d’un coup.
Que se passe-t-il si le temps d’exposition aux écrans est très long ?
L’enfant va se retrouver dans une forme de fermeture qui va l’empêcher de développer les outils nécessaires pour entrer en relation avec le monde. En l’absence d’outils pour communiquer avec les autres, pour entrer dans le langage, on va avoir des enfants grincheux/euses et peu autonomes qui auront accumulé un retard de développement. Ce sont donc des enfants qui risquent de mettre en échec l’interaction avec leurs parents. On rentre alors dans un cercle vicieux où, pour pouvoir se couper de tous ces malaises dans la relation avec bébé, on va rallumer les écrans.
A quel âge introduire les écrans ?
Pour conseiller les parents, je me base sur le programme Yapaka qui recommande zéro écran avant 3 ans. A partir de 3 ans, on peut commencer doucement les écrans mais avec des règles et balises claires. En tant que parents, c’est important de nous questionner sur notre propre usage des écrans et d’éviter leur utilisation lors de certaines routines avec notre bébé comme lorsque nous lui donnons le biberon ou la tétée.
Comment faire pour se passer des écrans ?
Il est évident que lorsqu’on rentre du journée de travail et qu’on doit gérer le repas, le bain,… dans un lapse de temps limité, c’est compliqué. La tentation de mettre nos enfants devant les écrans est grande. Cependant, il faut savoir que quand un·e enfant exprime que c’est difficile, qu’il ou elle est fatigué·e ou voudrait les bras et qu’on lui répond qu’on comprend mais que ce n’est pas possible tout de suite, on permet à l’enfant de faire l’expérience de la frustration. C’est une excellente chose car cela va lui permettre de développer sa boîte à outils et de trouver ses propres moyens pour traverser ces moments-là. Si on donne un écran, on annule ce travail.
Qu’en est-il des vidéos calls ?
Ici, on est dans autre chose. L’enfant ne va pas faire la visioconférence seul·e. De plus, il y a là des personnes connues qui sont en train d’échanger. Généralement, les enfants qui ont bien développé leurs outils relationnels et d’interaction ne vont pas rester très longtemps devant le smartphone. Ce n’est pas aussi riche qu’une vraie relation donc ils vont se lasser et aller jouer ailleurs.
Est-ce qu’on devrait, comme la France, envisager d’interdire les écrans aux moins de 3 ans ?
Je pense que l’interdiction est compliquée dans les faits. A mon avis, nos politiques doivent se pencher sérieusement sur la question pour donner des outils aux parents. La génération des parents actuelle est très seule face à ces nouveaux défis. Il me semble important de les soutenir et les aider.
Ma vie en PLUS
Pendant une dépression post-partum, à cause de problèmes médicaux ou d’une autre situation de vie compliquée, on peut rencontrer des difficultés relationnelles avec notre bébé. Le Centre médical pédiatrique Clairs Vallons est là pour vous aider. N’hésitez pas à les contacter.