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Le boom des violences obstétricales pendant le Covid

Épisode 9 -

Pendant la période du Covid et les confinements successifs, une hausse de cas de violences à l’encontre des femmes qui accouchent a été constatée en Europe. Qu’en est-il chez nous ? Anissa D’Ortenzio, chargée d’études pour Soralia, nous détaille 3 effets concrets du COVID sur la santé des femmes.  

  1. L’association de violences médicales et institutionnelles

La période covid a engendré une complète désorganisation de l’État et des hôpitaux par rapport aux nouvelles règles sanitaires. De nombreux parents se sont alors mis à angoisser, ce qui a causé énormément de stress tant au niveau de l’accouchement que du suivi de la grossesse en pré- et post-natal. Conséquences : une augmentation d’épisiotomies, de césariennes et de déclenchements non justifiés médicalement. Plusieurs facteurs en cause : le manque de protections et d’outils à disposition des médecins et du personnel soignant, l’énorme surcharge de travail liée à l’absence d’une partie du personnel, malade du covid ou encore le surmenage. Certaines femmes acceptaient, de peur que les règles changent d’une semaine à l’autre, d’être déclenchées et ce, afin que le co-parent puisse assister à l’accouchement. Beaucoup ont néanmoins accouchées seules, malgré des recommandations au niveau national et international démontrant que la santé de la maman et du bébé est améliorée par la simple présence d’une personne de confiance, sage-femme ou co-parent. Les violences institutionnelles sont venues s’adjoindre à ces difficultés médicales. En effet, le port du masque obligatoire entrait en opposition avec le bien-être des mamans. Le manque d’air a entraîné des cas d’évanouissement.

  1. L’impact sur la PMA (procréation médicalement assistée) et le suivi de grossesse

Énormément de consultations en PMA, considérées comme non obligatoires, ont été tout simplement annulées, parfois le jour-même pour des raisons d’absence de personnel et à certains moments, faute de matériel disponible. C’est d’autant plus dommageable que le processus de PMA est très lourd tant au niveau physique qu’émotionnel en raison de la multiplication des essais. Tout reposait exclusivement sur les épaules de la maman puisqu’elle devait assister seule aux consultations. Certaines futures mamans ont carrément abandonné leur projet d’avoir un enfant, le processus devenant vraiment trop pesant à porter seules. Et il en a été de même avec le suivi des grossesses, totalement désorganisé. Or, les statistiques démontrent que les premiers cas de violences conjugales, les premiers coups que la femme reçoit, ont parfois lieu lorsqu’elle est enceinte. Le fait d’être suivie régulièrement par plusieurs médecins permet de détecter cette violence et donc d’aider ces femmes, ce qui n’a pas pu avoir lieu non plus à cause de la crise Covid.

  1. Des retours à la maison chaotiques

Pour certaines mamans, lors du retour à la maison, le suivi post-partum a été catastrophique tant pour elles que pour les bébés. Comment donner le bain à bébé, quels sont les gestes à poser ou pas ? Pour des personnes en situation de précarité, ces gestes-là doivent absolument être accompagnés et montrés. Ce qui ne s’est absolument pas produit. Du jour au lendemain elles sont rentrées chez elles avec un bébé, sans avoir reçu cet accompagnement essentiel.

Ma Vie en PLUS

L’association Soralia, mouvement féministe, progressiste, laïque et mutualiste, à côté de ses activités de formation et d’éducation permanente, réalise chaque année des analyses et des études comme outils d’information offrant un décryptage minutieux de la société. Elles suscitent et alimentent le débat et la réflexion critique. Vous pouvez les retrouver sur le site www.soralia.be