Trouver une place en crèche : mission impossible ?
3 places disponibles pour 10 enfants. C’est la situation actuelle en Belgique. Trouver une place en crèche relève donc souvent du parcours du combattant. Entre dédale administratif, listes d’attente interminables et coûts parfois élevés, le manque de places en milieu d’accueil pèse lourdement sur les familles. Un stress quotidien qui impacte non seulement l’organisation mais aussi la santé mentale des parents et le bien-être des tout-petits. Que faire ? Comment aider les parents ? On fait le point avec Laudine Lahaye, chargée d’études chez Soralia.
Quel est l’impact du manque de places en milieu d’accueil sur les parents?
Nous avons réalisé une étude qui révèle que les parents ont un niveau de stress entre 7/10 et 10/10 au moment de la recherche d’une place en crèche. C’est très élevé. Le stress est principalement lié au fait de ne pas connaître la place qu’on occupe sur la liste d’attente ni les délais nécessaires pour obtenir une place. Sans compter le fait de devoir multiplier les démarches auprès de plusieurs milieux d’accueil différents.
Les processus d’inscription évoluent également dans le temps et ne sont pas toujours très clairs. Par exemple, depuis peu, il faut faire une pré-inscription auprès de l’ONE. On obtient alors un numéro de dossier qui permet de faire la démarche d’inscription en milieu d’accueil. Obtenir ce numéro de dossier ne veut pas dire que vous êtes inscrit dans un milieu d’accueil, vous devez encore faire la démarche de vous inscrire. Tout ça peut générer beaucoup de stress au quotidien.
Comment font les parents qui n’ont pas de place en milieu d’accueil ?
Les parents doivent faire des bricolages organisationnels. Certain·e·s vont réduire leur temps de travail ou prendre un congé parental. On constate d’ailleurs une certaine frustration chez les femmes car ce sont encore elles qui continuent à réduire leur temps de travail en majorité.
D’autres vont mettre leur enfant un jour chez Papi et Mamie, un jour chez tantine, un jour chez parrain… L’enfant est balloté à droite à gauche alors qu’il a besoin de stabilité, d’une routine et de figures de référence récurrentes. C’est compliqué aussi pour les parents qui doivent s’organiser parfois au jour le jour.
Il y a également des parents qui sont obligés de passer par des milieux d’accueil privés qui calculent leurs tarifs librement et peuvent demander ce qu’ils veulent. Les montants demandés peuvent être équivalents au prix d’un loyer ! Impayable pour beaucoup de parents.
Selon la Convention internationale des droits de l’enfant, tout enfant devrait avoir accès à une place d’accueil, peu importe la situation socioprofessionnelle ou le niveau d’éducation de ses parents. C’est un droit de l’enfant…
Comment faire changer les choses ?
En tant que citoyens et citoyennes, on peut interpeller les élu·e·s de sa commune, parce que les communes ont un rôle à jouer au niveau de l’accueil des enfants. Elles peuvent créer des crèches ou faciliter la procédure d’inscription en centralisant les informations. Elles peuvent aussi créer des guichets familles, où les familles peuvent aller poser toutes leurs questions au moment de l’arrivée d’un enfant.
De notre côté, chez Soralia, nous avons créé un conte illustré qui raconte le parcours de parents en train de chercher une place en crèche et qui sont dans un grand stress par rapport à cette situation. Si vous le souhaitez, vous pouvez télécharger notre conte sur notre site internet et aller le distribuer aux élus et élues de votre commune.
Nous interpellons également directement les politiques sur le terrain afin de les sensibiliser à l’impact du manque de places en milieu d’accueil sur les familles. C’est un problème de politique familiale qui est en train de devenir un problème de santé publique. Il est grand temps d’agir.
Ma vie en PLUS
Si vous sentez que vous n’allez pas bien, que votre moral est au plus bas ou que des symptômes physiques apparaissent suite au stress généré par la situation, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant, à votre sage-femme ou à l’infirmière ou infirmier de l’ONE qui vous suit.
Soralia organise également des ateliers (« Les parents papotent » par exemple) pour partager votre vécu de parent, vos difficultés ou encore exprimer vos besoins. Ce sont des espaces de parole pour se livrer à bâtons rompus, déculpabiliser et s’entraider pour se sentir mieux.