Congé de paternité : « 20 jours, c’est encore trop peu ! »

Depuis le 1er janvier 2021, les nouveaux papas peuvent bénéficier de 15 jours de congés de paternité au lieu de 10 jours précédemment. Un congé qui passera à 20 jours ouvrables dès 2023. Pourquoi allonger ce congé ? Quelles conséquences sur la relation papa-bébé ? Peut-on encore aller plus loin ? On fait le point avec Luc, jeune papa et Laudine, chargée d’étude au sein des Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS).

Lundi. 10 heures du matin. Le silence fait place à de petits gémissements. Le babyphone s’emballe. Les gémissements se transforment en hurlements. « C’est la fin de sa petite sieste du matin », nous assure, souriant et particulièrement à l’aise malgré les cris, Luc, papa d’un petit Louis de 4 mois et 1 jour. En congé parental depuis 15 jours, il était important pour Luc d’être un papa présent. « J’ai d’abord prolongé mon congé de paternité de 3 semaines en utilisant mes congés légaux. Après avoir retravaillé deux mois, j’ai commencé un congé parental d’un mois afin d’assurer la transition entre la reprise du travail de ma compagne et l’entrée en crèche de notre fils ».

Présence indispensable de la·du co-parent

« Les premières semaines de vie de notre bébé ont été très compliquées. Il ne dormait presque pas, avait beaucoup de coliques et pleurait la plupart du temps. C’était vraiment très difficile surtout lorsque vous accumulez les nuits blanches. Nous nous sommes vraiment demandés comment on aurait fait si j’avais dû travailler. Je ne sais pas dans quel état j’aurais retrouvé ma compagne en rentrant ! », raconte Luc. « Au-delà de cela, ces premières semaines nous ont permis de découvrir la parentalité à deux. J’ai appris à changer des couches, à donner le bain, à préparer un biberon… à m’occuper de mon fils tout simplement ».

Laudine Lahaye confirme l’importance de la présence de la·du co-parent dans les semaines qui suivent l’accouchement : « lorsqu’un premier enfant vient au monde, le père et la mère sont sur un pied d’égalité. Aucun des deux ne sait comment s’occuper d’un nourrisson. Si la maman est davantage en contact avec son bébé, on assiste à une évolution à deux vitesses. Le papa pourra se sentir de moins en moins à l’aise dans la relation avec son enfant et les soins qui l’accompagnent ». Les Femmes Prévoyantes Socialistes, tout comme la Ligue des Familles, militent d’ailleurs pour un congé de paternité équivalent au congé de maternité, soit 15 semaines.

Une avancée en matière d’égalité femme-homme

« Un congé de co-parentalité équivalent au congé de maternité permettrait de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail. Aujourd’hui encore, un.e employeur/euse va préférer, à compétences égales, engager un homme plutôt qu’une femme susceptible de s’absenter durant une période plus ou moins longue. Si les hommes peuvent également bénéficier de 15 semaines de congé, cette discrimination n’a plus lieu d’être », explique Laudine.

Oser demander son congé

Si dès 2023, les papas pourront bénéficier de 20 jours de congé de paternité, encore faut-il qu’ils osent, puissent ou souhaitent les demander. Outre la question de la durée du congé de paternité, celle de l’évolution des mentalités se pose. « Le fait que je prenne mon congé de paternité était naturel dans mon entreprise mais pour mon frère qui souhaitait faire de même lors de la naissance de sa fille, cela a été plus compliqué. C’était mal perçu, ses collègues le regardaient de travers », raconte Luc.

Une étude française1 publiée en juin 2018 abonde en ce sens. « Elle met en lumière les pressions souvent indirectes dont sont victimes les papa qui souhaitent prendre leur congé de paternité. On leur confie moins de projets ou des projets moins intéressants, leur éventuelle promotion est retardée et ils peuvent même subir des moqueries de la part de leurs collègues du type « ta femme te dévirilise ». c’est très interpellant », constate Laudine.

La construction d’une relation

« 10 jours, ce n’est vraiment pas assez et 20 jours, c’est encore trop peu. », affirme Luc. Le jeune papa a donc enchainé avec un congé parental. « J’appréhendais un peu car j’allais pour la première fois me retrouver seul avec mon fils toute la journée mais dès les premiers jours, j’ai compris l’importance de ces moments passés en tête à tête. Je prends vraiment du plaisir à m’en occuper et je suis fier de bien m’en sortir. On développe une vraie relation. Son sourire est le plus beau des cadeaux », conclut le jeune papa.

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  1. Hervé GOSSELIN et Carole LEPINE, Evaluation du congé de paternité, Rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, juin 2018.