Handbike : « J’ai retrouvé la liberté »

Arnaud s’est fracturé la colonne vertébrale dans un accident en 2013. Grand sportif, la découverte du handbike adapté a changé sa vie. Pour Ma vie en PLUS, il raconte son parcours et nous explique les bienfaits du handisport sur le plan physique et surtout mental.

C’est sur sa chaise roulante 5ème roue et avec son chien d’assistance, Akela, qu’Arnaud Sabatier, se présente dans nos bureaux bruxellois. Nous sommes immédiatement séduit·e·s par Akela. « Depuis qu’il m’accompagne, les gens voient d’abord mon chien avant de voir mon handicap. Ça laisse un peu de répit », commence d’emblée ce jettois de 47 ans.

Arnaud en balade avec Akela

Retrouver la liberté

Après son accident et de longues années sans pouvoir se remettre au sport, Arnaud découvre le vélo couché grâce à une amie. « Un jour, une amie m’a proposé d’aller faire du vélo avec elle. Elle connaissait une asbl, ALMAGIC, qui disposait de vélos couchés à réparer. Ils n’étaient pas parfaits, loin de là, mais ce fut une révélation. Enfin, j’avais retrouvé la liberté, plus de barrières, plus de limites ! Je n’ai plus jamais arrêté ». Après quelques balades, l’homme commande son vélo aux USA, en pleine période Covid. Il arrive un an plus tard ! « C’est un vélo assez haut qui me permet de franchir des obstacles comme des marches par exemples ». Il intègre alors l’Association Sportive du Centre Traumatologie Réadaptation de Bruxelles où un coach l’initie à la pratique. « Il m’a vraiment motivé. J’ai beaucoup pratiqué et j’en suis arrivé à guider moi-même les nouvelles recrues ». Après plusieurs mois passés dans le club, Arnaud sent qu’il a besoin de plus. Il rejoint alors l’asbl A tour de bras qui organise des voyages en vélo et handbike à prix démocratique. Objectif : favoriser une meilleure intégration dans la société des personnes en situation de handicap.

Ce qu'Arnaud préfère : le sport en pleine nature

Retrouver confiance en soi

En 2020, Arnaud embarque pour son premier road trip qui relie Paris au Mont Saint-Michel à vélo. « J’ai vraiment dû me faire violence pour y aller. Je ne savais pas si j’en étais capable, je devais sortir de ma zone de confort, de ma maison adaptée et m’adapter, justement, à d’autres conditions de vie. Je l’ai fait ! J’ai rencontré des gens qui sont devenu·e·s des ami·e·s et j’ai retrouvé confiance en moi et en mes capacités ».  Fort de son succès, Arnaud rempile pour 3 autres road trips, le premier entre Montpellier et Barcelone et les deux suivants en Ecosse. « Je pars souvent avec les mêmes personnes, 4 personnes valides et 4 personnes en situation de handicap. On fait entre 60 et 70 km par jour, une distance raisonnable pour nous ». Des voyages qui créent du lien social et permettent à Arnaud de garder le moral.

Arrêt à Narbonne

Retrouvez de la mobilité

Au-delà de ces expériences hors du commun, Arnaud a vu une vraie amélioration de sa mobilité quotidienne grâce au vélo. « De nombreux endroits comme les piscines ou les musées proposent des chaises roulantes sur place. Ça veut dire que je peux m’y rendre à vélo et puis parcourir le lieu en chaise roulante. Je peux aussi aller facilement me balader et me ressourcer dans la nature. Le vélo couché a vraiment changé ma vie ». Bien sûr, tout n’est pas parfait. Arnaud doit encore attendre l’assistance de la SNCB pour prendre le train ou faire face à des obstacles urbains impossibles à franchir mais le vélo participe de son bien-être. Conscient que le vélo n’est pas pour tout le monde, Arnaud met sa pierre à l’édifice pour un aménagement urbain plus inclusif. « Chaque année, j’envoie à UNIA (service public de lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité des chances), un rapport basé sur ma propre expérience de l’espace public. Cela leur permet d’interpeller les politiques avec des exemples concrets ».

A Bruxelles aussi, c'est possible

Retrouvez de la motivation

Fort de la confiance retrouvée, le cycliste s’essaye également à d’autres sports. Kayak, natation, ski assis, il teste pour savoir ce qui lui plait ou non. Actif dans plusieurs associations, il aide au ramassage des déchets, en kayak, dans les canaux bruxellois ou en forêt. Il soutient également les cyclistes amateurs et amatrices en les aidants à réparer leur vélo via l’association Vélokanik. « C’était important pour moi de savoir réparer mon handbike, même si ma motricité fine n’est pas optimale. Je veux rester indépendant et libre, quoi qu’il arrive ».

Si Arnaud n’est pas très branché compétitions, il aime l’ambiance des 20 km de Bruxelles et se fixe des challenges personnels. « Cela fait 3 ans que j’essaye de faire le trajet Bruxelles-Ostende en une journée en handbike. Ça fait 3 ans que je suis contraint de m’arrêter à Bruges car je n’en peux plus. J’adore ce trajet, il n’y a pas de voiture, pas d’odeurs, on roule le long de l’Escaut et des bateaux. Un jour j’arriverai jusqu’au bout ! ».

Nous demandons à Arnaud quel message il aimerait faire passer via cette interview. Convaincu, il nous répond « C’est possible ! Quel que soit le handicap, on peut trouver des vélos adaptés. Essayez ! ».

Arnaud aux 20 km de Bruxelles

Ma vie en PLUS

Si les clubs de loisir adaptés sont encore trop peu nombreux et sous-financés, ils existent. Sachez qu’un service, proposé par Esenca, nommé Handyaccessible permet aux infrastructures sportives de recevoir des conseils afin d’être plus accessibles à tout le monde. N’hésitez pas à proposer ce service à votre club de sport s’il peut encore s’améliorer en la matière.

Des remboursements pour l’achat de matériel sportif adapté sont prévus. Plus d’informations pour les aides en région wallonne ici.

Enfin, le site Access-i, met à votre disposition la liste des espaces verts, circuits vélo, bâtiments ou encore événements rendus accessibles en Région Wallonne.