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Pourquoi et comment poser des limites à nos enfants ?

Épisode 13 -

Les limites offrent un cadre et des repères sécurisant aux enfants. Elles sont indispensables à leur bon développement. Pourtant, pour les parents, il n’est pas toujours facile de savoir quand ou comment les poser. Mode d’emploi avec Frédérique Legros, pédopsychiatre au Centre médical pédiatrique Clairs Vallons.

Pourquoi est-ce que les enfants ont besoin de limites ?

C’est important d’inculquer aux enfants que tout n’est pas possible, que tous leurs souhaits ne peuvent pas se réaliser. Progressivement, les enfants vont intégrer ces limites et comprendre qu’ils ou elles n’ont pas un pouvoir absolu. C’est primordial pour leur vie future en société.

Est-ce que les limites sont à adapter selon l’âge de l’enfant ?

Oui. En général, on commence à mettre des limites quand l’enfant débute son exploration du monde, à quatre-pattes. A ce stade, elles répondent surtout à un impératif de sécurité. Il s’agit, par exemple, de ne pas laisser l’enfant mettre ses doigts dans les prises.

Ensuite, entre 2 ans et 4 ans, on entre dans la phase du « non ». L’enfant, pour se construire, à besoin de s’opposer à l’adulte et de le tester. Durant cette phase, il est très important de mettre des limites.

A cet âge, les enfants découvrent également les règles de vie en collectivité et sont confronté·e·s à d’autres enfants. C’est à ce moment-là qu’il ou elle apprend les interdits sociaux et les règles de vie en collectivité.

Enfin, le jeu des limites recommence à l’adolescence. C’est une période de questionnement et d’angoisse pour les jeunes. Les adolescent·e·s vont à nouveau tester les limites pour vérifier que l’adulte est cohérent·e, solide et là en cas de problème.

Ne pas mettre de limites aux enfants, c’est leur faire croire qu’ils ou elles peuvent modeler le monde selon leurs désirs et pulsions.

Comment poser des limites et les faire respecter ?

Une première chose à faire est d’adapter la limite à l’âge de l’enfant et à son niveau de compréhension. Il faut s’assurer qu’il ou elle a bien compris la limite. Ensuite, il importe de la répéter pour qu’elle soit bien intégrée. La limite doit également être la même pour chaque membre de la famille, frères et sœurs mais aussi parents. Si les enfants ne peuvent pas dire de gros mots mais qu’on en dit nous-même, on perd en crédibilité. Même chose si la limite varie selon les humeurs ou les jours de la semaine. L’absence de cohérence impacte la crédibilité des parents.

Pour faire respecter les limites, il est important de se mettre à la hauteur de l’enfant, de son regard, d’utiliser un vocabulaire simple et de rester calme mais ferme.

Comment choisir une punition bienveillante adaptée ?

Il y a une différence à faire entre autorité et autoritarisme. L’autorité est le fait d’exercer une sanction dans l’intérêt de l’enfant et de façon bienveillante. L’autoritarisme est le fait d’avoir un pouvoir sur l’enfant. On parle, par exemple, de dévalorisation, d’humiliation ou de violence. Tout cela crée un stress chez l’enfant et n’est pas bon pour son développement.

Une sanction bienveillante est une sanction réparatrice qui va permettre à l’enfant d’apprendre quelque chose. On va nommer ce qui se passe en lui ou en elle, sa colère, sa frustration, son sentiment d’injustice et lui apprendre à gérer cela. Si on a un·e petit·e qui a dessiné sur les murs, par exemple, on peut lui dire d’aller dans sa chambre et le·la punir. Il ou elle va, dans ce cas, rester seul·e face à ses émotions. Une autre option est de lui expliquer que les murs ne sont pas un endroit pour dessiner, de lui proposer une feuille pour faire ses dessins et de lui demander de nettoyer le mur tout en l’accompagnant.

Comment faire quand on n’est pas à l’aise avec le fait de poser des limites ?

C’est vrai que ce n’est pas évident ! Ça l’est encore moins dans la société actuelle où les besoins et les désirs sont un peu confondus. Il faut garder en tête que poser des limites, c’est aider l’enfant à grandir. Lui dire non, ce n’est pas ne pas l’aimer ou le rejeter.  Répondre à tous les besoins de l’enfant, c’est faire un·e enfant tout·e-puissant·e qui va croire que tout est permis. Ce n’est pas la réalité. Poser des limites, c’est aider l’enfant à devenir un·e adulte responsable, autonome et qui respecte les règles de la société.

Que faire quand on se sent débordé·e en tant que parent ?

Aujourd’hui, les parents reçoivent des injonctions dans tous les sens, vivent sous pression… ce n’est pas facile. Si on se sent débordé·e, c’est important de ne pas rester seul·e. Il faut en parler autour de soi et ne pas hésiter à consulter un·e psychologue. Il existe des sites internet, des groupes de paroles ou des centres spécialisés dans le burn-out parental qui sont là pour nous aider.

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