Illettrisme : un handicap invisible qui touche 10 % de la population belge

Lorsque les compétences pour la lecture, le calcul ou l’écriture sont défaillantes, c’est tout le quotidien qui est chamboulé : payer ses factures, comprendre un courrier administratif, parcourir le journal de classe de son enfant… Ces situations « simples » de la vie courante peuvent se révéler très complexes, voire impossibles.

En Fédération Wallonie Bruxelles, on estime que l’illettrisme touche au minimum 10% de la population adulte. La plupart de ces personnes ont été scolarisées mais ont arrêté trop tôt l’école pour des raisons sociales ou encore familiales. Elles n’ont donc pas acquis les bases nécessaires pour s’adapter et participer activement à la vie sociale. Ces quelque 300 000 personnes passent souvent à côté de droits et de services fondamentaux et se retrouvent victimes d’exclusion sociale.

Analphabétisme et illettrisme, une même réalité ?

La nuance est mince, l’analphabétisme désigne l’incapacité d’une personne à lire et à écrire faute d’apprentissage. L’illettrisme concerne plutôt les personnes qui ont appris à lire et à écrire à un moment donné de leur vie mais pas de manière suffisamment approfondie. Les capacités de lecture et d’écriture ont tendance à se détériorer avec le temps si elles ne reposent pas sur des bases solides et qu’elles ne sont pas sollicitées.

Pourquoi autant d’illettrisme dans notre pays ?

S’il y a persistance de l’illettrisme dans un pays à scolarité obligatoire, c’est bien parce que l’enseignement officiel n’est pas capable d’amener une partie des enfants à un niveau de maîtrise suffisant des compétences de base. Mais tous les enfants sont-ils vraiment égaux dans l’apprentissage ?

Les inégalités sociales :

Les facteurs socio-économiques sont souvent mis en avant pour expliquer cette réalité. Les familles vivant dans des conditions économiques précaires ont généralement plus de difficultés à accéder à l’éducation. Même si tout le monde sait que l’enseignement est obligatoire, l’école reste un vecteur important d’exclusion sociale. Un article de l’association ATD quart-monde, paru en 2008*, dénonce, par exemple, l’orientation massive d’enfants aux origines socio-économiques faibles vers l’enseignement spécialisé, parfois dès l’enseignement maternel. Il y aurait dix fois plus d’enfants issus de famille en grande précarité dans ces orientations.

Le décrochage scolaire :

Depuis les années 80, il semblerait que le nombre de décrochages scolaires ait diminué. Malgré ce progrès, un nombre important d’élèves quittent l’école sans diplôme avec le risque de ne pas avoir acquis les bases suffisantes en lecture ou en écriture.

Quelles sont les conséquences de l’illettrisme ?

Qu’elles tentent la débrouille ou qu’elles dissimulent leur situation, toutes les interactions basées sur l’écrit sont pour ces personnes sources de souffrance : sentiment de honte, anxiété, repli sur soi, isolement. L’illettrisme est un frein à la confiance en soi, à l’emploi, aux relations sociales, à la participation citoyenne, à la transmission culturelle aux enfants…

Sans compter qu’une personne souffrant d’illettrisme peut aussi avoir des difficultés à interpréter et comprendre des informations en lien avec sa santé. Une personne qui n’aurait un niveau suffisant en lecture pourrait éprouver des difficultés à comprendre la posologie d’un médicament avec les conséquences graves que cela pourrait avoir.

 

Quelles soient personnelles, sociales ou professionnelles, les conséquences de l’illettrisme ont un impact profond sur la vie des personnes concernées.

Illettrisme et illectronisme, même combat ?

L’illectronisme, c’est la difficulté, voire l’incapacité, à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques en raison d’un manque ou d’une absence totale de connaissances à propos de leur fonctionnement.

Ce phénomène d’exclusion est bien plus important qu’il n’y apparaît. Le manque de maîtrise de l’outil numérique ne touche pas uniquement les personnes en situation d’illettrisme. Il concerne près de 40% des Belges !

Dans un contexte de numérisation où de nombreux guichets laissent place aux automates, sans réelles alternatives qualitatives, la fracture numérique a encore davantage creusé les inégalités et accentué l’isolement.

Ma vie en PLUS

Si vous ou un membre de votre famille souhaitez de l’aide pour apprendre à lire ou à écrire, contactez l’asbl Lire et écrire. Il y a des relais dans chaque province.

 

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