Eco-anxiété : Comment prendre soin de la planète sans y laisser sa santé mentale ?
Nous sommes de plus en plus conscientisé·e·s face aux enjeux climatiques et de plus en plus éco-responsables. Mais pour certain·e·s, le réchauffement climatique génère un sentiment d’angoisse… ce qu’on appelle l’éco-anxiété.
On parle beaucoup d’éco-anxiété en ce moment parce qu’on accorde beaucoup plus d’attention aux questions climatiques que par le passé. Du coup, les gens qui en souffrent se sentent plus libres d’en parler.
Mais c’est quoi exactement ? Est-ce que c’est grave ? Océane Ghijselings, psychologue au sein de l’ASBL “Un pass dans l’impasse” nous explique tout.
Qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Est-ce une pathologie ?
L’éco-anxiété désigne l’anxiété qu’on peut ressentir face au dérèglement climatique, à l’écologie ou à la biodiversité. Ce n’est pas une maladie et il n’y a pas de diagnostic clinique particulier.
Il ne faut pas confondre la solastalgie avec l’éco-anxiété. Une autre notion qui repose sur la nostalgie par rapport à notre passé en lien avec l’environnement. Petit, vous alliez vous amuser dans un champ, par exemple. Aujourd’hui, il y a un immeuble et quand vous y retournez, vous n’arrivez plus à revivre les mêmes émotions parce que l’environnement a changé. La solastalgie est liée au passé alors que l’éco-anxiété est liée au présent et au futur.
L’éco-anxiété touche des personnes déjà anxieuses de base, mais on remarque que ce sont principalement les jeunes adultes et adolescent·e·s (les moins de 40 ans) qui en souffrent le plus.
Comment identifier les signes d’une éco-anxiété ?
Cela se manifeste comme l’anxiété “normale”. On va avoir peur de l’avenir et des conséquences climatiques sur le futur. Par exemple, quand on doit passer un examen, on est stressé parce qu’il y a un enjeu et on a peur de la tournure que peut prendre cet examen. C’est pareil ici.
Physiquement, cela va se manifester de différentes façons en fonction des personnes : les mains moites, le cœur qui bat plus vite quand on y pense, des tremblements, de la tension, etc.
La plupart des gens ont conscience de leur anxiété et vont pouvoir la maîtriser en mettant de petites choses en place. Mais pour d’autres, si ça dure dans le temps et qu’elles ne contrôlent pas cette anxiété, elle peut se transformer en peur paralysante. Cela devient handicapant au quotidien (difficulté à sortir de chez soi, à faire des activités, etc.) et avec le temps, elle peut mener à une dépression.
Comment gérer cette anxiété pour continuer à agir pour le climat ?
En thérapie, on va, dans un premier temps, travailler sur la gestion émotionnelle. “Qu’est-ce que je ressens ? Est-ce de la tristesse, de la colère ? Est-ce que j’intègre bien ces émotions ou au contraire, je les évite, les refoule ?”
Ensuite, on va travailler sur l’intolérance à l’incertitude. Puisque la personne ne parvient pas à accepter qu’elle ne puisse pas tout contrôler, tout gérer de son futur, on va travailler sur le lâcher prise.
On se doute qu’il y a des risques pour l’avenir et la planète, mais moi en tant qu’individu, je ne sais pas où je serai dans 10, 20, 30 ans, ni quel sera mon environnement. Là où je peux prendre du pouvoir, c’est dans le présent. En faisant de petits gestes au quotidien, en militant dans des ONG, etc. Le simple fait d’agir aide à diminuer l’anxiété. Ce qui est important c’est d’avoir un impact direct à court terme voire à moyen terme car nous n’avons pas de prise sur le long terme.
Ma vie en PLUS
Le conseil d’Océane :
Si votre éco-anxiété vous paralyse au point même de ne plus pouvoir aller au travail, par exemple, c’est important de ne pas rester isolé·e. Parlez-en. N’oubliez pas que ce n’est pas une maladie, vous n’êtes pas fou/folle, vous êtes juste plus sensible. Vous pouvez vous orienter vers un·e thérapeute cognitivo-comportemental (TCC) de la troisième vague. Elle/Il travaillera avec vous sur la gestion des émotions et l’intolérance à la certitude.