Dire non, ça s’apprend ! Très tôt…

Les récents procès liés au mouvement #Metoo l’ont montré : la notion de consentement n’est pas encore bien connue de tou·te·s. Apprendre à dire non est le fruit d’un apprentissage. Il s’agit aussi de désapprendre à dire oui quand on pense non. Alice Gaspar, chargée de missions à la Fédération des Centres de Planning familial Soralia met les points sur les i.

Pourquoi est-il si difficile d’exprimer un « non » ?

Parce qu’on n’a pas été éduqué·e pour dire, ou même recevoir un ‘non’. Dire non, c’est juste poser une limite acceptable pour soi. Mais depuis l’enfance, on nous éduque à dire ‘oui’ : on force à faire des bisous à toute la famille alors qu’on n’en a pas envie ou à finir notre assiette alors qu’on n’en peut plus. Déjà à cinq ans, cela fait comprendre à un enfant que les limites personnelles qu’il pose sont malléables : s’il ne veut pas faire un câlin ou un bisou, on peut quand même le faire changer d’avis, en insistant un peu et en lui faisant comprendre qu’il y a des situations ou c’est plus acceptable que d’autres de dire non. En ne respectant pas le « non », on n’enseigne pas à l’enfant les règles du consentement dans la vie de tous les jours ou, plus tard, dans la vie sexuelle.

Oser dire non, c’est aussi oser aller contre la pression sociale ?

La pression sociale existera toujours et pour vivre en société, on devra toujours faire des compromis. Mais à partir du moment où vous dépassez votre limite personnelle, il y a un problème. C’est particulièrement vrai durant l’adolescence, lors de la construction à travers le regard de l’autre, et que la pression sociale est vraiment forte. C’est pourquoi, il est primordial de continuer à faire de l’EVRAS (Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle) dès le plus jeune âge pour pouvoir aborder le consentement tout au long de la vie et pas seulement lorsque les relations sexuelles entrent en jeu. Entendre le ‘non’ de la personne signifie qu’on lui laisse la place d’être qui elle a envie d’être et qu’on respecte ses limites.

Il est important que les femmes conçoivent leurs limites et expriment quand celles-ci ont été franchies…

Oui. C’est vraiment essentiel de voir des femmes dire « j’ai été victime d’agression sexuelle », même plusieurs années après. Cela légitime le fait qu’une victime, quelle qu’elle soit et peu importe la cause, doit pouvoir être écoutée et pas d’une façon que l’on entend encore trop souvent :  « Ah oui mais c’est que tu le voulais sûrement un peu », ou bien « tu l’as certainement cherché ». Aujourd’hui, heureusement, ces propos ne passent pratiquement plus.

Le mouvement #Metoo n’est pas étranger à ces prises de conscience tardives… et au fait qu’on les prenne en compte.

Oui, clairement. Grâce à ce mouvement, ce sont des décennies d’agressions sexuelles et de viols qui remontent à la surface et qui provoquent un brouhaha important. Cela ne fait pas cinq ans que les  agressions sexuelles existent. Ça existe depuis toujours, la différence, c’est que maintenant, les femmes osent en parler. Même si les choses évoluent d’une bonne manière, il y a encore beaucoup de travail.

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Soutenue par Solidaris, Sofélia la Fédé des Centres de Planning familial engagée, a pour objectif de garantir à toutes et tous un accès égal à l’information et aux services disponibles en matière de contraception, d’interruption volontaire de grossesse et plus globalement en matière d’éducation affective, relationnelle et sexuelle.

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