Alcool : ma consommation est-elle à risque ?

Un anniversaire, un dîner entre ami·e·s, une promotion, un apéro au soleil, … Il y a toujours bien une occasion de boire un verre. Où s’arrête la fête et où commence la dépendance à l’alcool ? On essaie d’y voir plus clair avec Marc Moers, spécialiste en tabacologie et alcoologie.  

Qu’est-ce que c’est la dépendance à l’alcool ?

On parle de dépendance lorsqu’il y a perte de contrôle. La dépendance ne dépend pas nécessairement de la quantité d’alcool consommée, mais plutôt de la capacité à contrôler sa consommation. On peut consommer beaucoup sans être dépendant·e, ou être dépendant·e même en consommant peu.  

Une dépendance physique aux drogues se déclare proportionnellement à la vitesse de l’effet de la substance. Par exemple, une cigarette met 10 secondes à agir sur l’organisme. Il faut quelques semaines pour que la dépendance s’installe. Alors que, l’alcool met +/- 10 minutes à faire effet. Un·e buveur·veuse excessif·ve mettra +/- 10 à 15 ans pour déclarer une dépendance physique. Il importe de préciser qu’on parle ici des effets physiques de l’alcool mais que d’autres formes de dépendance peuvent (co)-exister comme la dépendance sociale ou physiologique. Il existe également des prédispositions génétiques à l’addiction à l’alcool.  

Qu'est-ce qu’un buveur excessif ou une buveuse excessive ?

Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) a établi la limite raisonnable à 10 unités par semaine (bien qu’il n’y ait pas de consommation sans risque). Il s’agit d’un repère pour le·la consommateur·trice. 14% des Belges ont une consommation d’alcool excessive, c’est à dire une consommation de plus de 10 unités par semaine. Une consommation qui entraîne des risques pour la santé (problèmes cardiovasculaires, psychiques, dénutrition, problèmes de foie, pancréas, etc.) et des risques de dépendance. 

Comme la dépendance à l’alcool met du temps à s’installer, il n’y a pas de dualité : alcoolique / non alcoolique. Il existe six profils différents :  

  • L’abstinent·e qui n’a jamais consommé ou qui a complètement arrêté. 
  • L’explorateur·trice qui consomme à une période précise (pendant ses études par exemple) ou par curiosité, pour goûter.  
  • Le·la consommateur·trice occasionnel·le qui consomme en de rares situations (à un anniversaire, aux fêtes de fin d’années, etc.). Il·elle abuse parfois parce qu’il·elle n’a pas l’habitude de boire.  
  • Le·la consommateur·trice régulier·e qui consomme selon un rythme précis (chaque mois, toutes les deux semaines ou chaque semaine, par exemple). Il ou elle a l’habitude de boire et abuse rarement dans sa consommation.  
  • Le·la consommateur·trice abusif·ve boit de façon incontrôlée de grandes quantités d’alcool, indépendamment de la fréquence de ses consommations ou mélange les différentes substances. 
  • Le·la surconsommateur·trice est celui qui consomme plusieurs fois par semaine. Il ou elle peut plus facilement abuser dans sa consommation.  

Comment peut-on alors savoir si notre consommation est à risque ?

La dépendance, ce n’est pas seulement une question de quantité… La meilleure façon de garder à l’œil sa consommation, c’est de se tester ! La tournée Minérale (1 mois sans alcool) est idéale pour ça. On s’arrête et on prend le temps de réfléchir à sa consommation. C’est aussi bénéfique pour le corps qui va pouvoir se désintoxiquer des effets de l’alcool.  

Cependant, il faut réaliser son mois sans alcool en conditions réelles ! Si par exemple, vous ne buvez que l’été parce que vous êtes adeptes des terrasses, ne faites pas votre mois sans alcool en février. Ou si vous ne buvez qu’en société (lors des anniversaires, sorties entre ami·e·s, etc.), ne vous coupez pas du monde pendant 1 mois. L’expérience est alors faussée.  

Dans quels cas recommande-t-on 3 jours sans alcool ?

Pour vérifier s’il y a une dépendance physique à l’alcool, il faut d’abord s’arrêter de boire pendant 3 jours afin d’évaluer s’il y a des symptômes de manque (tremblements, confusion, sueurs, hypertension, etc.) Si ces symptômes sont présents et qu’ils persistent, il faut en discuter avec un·e médecin (psychiatre, généraliste, etc.) car il y a danger pour la santé.  

En effet, l’alcool a un effet sédatif. Pour contrer cela, le cerveau crée des neurones excitateurs pour fonctionner normalement. Sans l’effet sédatif de l’alcool, les neurones excitateurs vont être suragités. Ce qui peut entrainer des crises d’épilepsie ou encore un délirium tremens.  C’est la raison pour laquelle un sevrage alcoolique doit toujours se faire à l’hôpital. 

Que faire si on n’arrive pas à tenir son mois sans alcool ?

Si vous craquez pendant votre mois sans alcool, ne paniquez pas. Cela ne veut pas forcément dire que vous êtes accro. Interrogez-vous simplement sur votre consommation. Dans quel cadre étiez-vous ? Dans quel état émotionnel étiez-vous ? Vous a-t-on encouragé·e ? Cela vous permettra de mieux comprendre votre consommation. Ensuite, si vous avez envie de réduire ou d’arrêter, n’hésitez pas à en discuter avec votre généraliste.  

Comment sensibiliser les adolescent·e·s à la consommation d’alcool ?

On boit du vin à table, on fête les anniversaires avec des bulles, etc. Les enfants grandissent en voyant leurs parents boire, même occasionnellement. Cela ne doit pas être un frein à la discussion sur le sujet. Ce qu’il faut, c’est éviter à tout prix de leur mettre la pression car ça peut être contreproductif. 

La clé de la sensibilisation, c’est le dialogue, l’absence de tabou. Informez-les des risques, revenez-y régulièrement en profitant d’une actualité ou en partageant de nouvelles informations. A chaque fois, vous donnez l’impulsion : Attention, alcool = risques. 

Si on s’inquiète pour la consommation d’un·e proche, comment réagir ?

Si vous avez des craintes quant à la consommation d’une personne, entamez le dialogue :  “Qu’est-ce que tu penses de ta consommation ?” “Est-ce que tu es rassuré·e par rapport à celle-ci ? ». Informez-la, parlez de l’importance de faire des pauses. Si la personne montre des signes d’ambivalence, invitez-la à consulter un·e médecin pour en discuter.  

Faites attention à ne pas mettre de pression et stresser la personne. Cela a généralement l’effet inverse, elle aura tendance à boire plus que d’habitude. Soyez attentif·ve et soutenant·e. 

Ma vie en PLUS

Le dernier conseil de Marc : peu importe notre manière de consommer, il y a toujours des risques. Evitez surtout la consommation chronique. Gardez à l’esprit cette phrase : je consomme modérément et je fais des pauses”