La transidentité : un effet de mode ?
Non, ce n’est pas un « effet de mode » ; non, ce n’est pas facile de faire une transition hormonale ; et non, l’EVRAS n’incite pas nos enfants à devenir trans ! Face à la désinformation et aux violences physiques, sexuelles ou institutionnelles dont sont victimes les personnes trans, Sofélia, la Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires, se prépare à lancer une campagne de sensibilisation pour lutter contre la transphobie ambiante persistante. Eloïse Malcourant, responsable éducation permanente chez Sofélia, déconstruit pour nous 4 idées reçues…
Idée reçue n°1 : Les personnes trans sont partout
« Il n’y a pas plus de personnes LGBTQIA+ qu’avant ! ». En effet, elles sont davantage présentes dans les médias et sur les réseaux sociaux qui sont des espaces d’expression, de militantisme et de partage d’informations pour ces communautés mais leur nombre reste stable. C’est une question identitaire qui existe depuis longtemps et non un effet de mode.
« Il est plus facile aujourd’hui d’assumer le fait d’être trans et c’est une très bonne chose mais il y a aussi beaucoup plus de haine envers les personnes LGBTQIA+ en ligne. C’est un véritable problème de santé publique », affirme Eloïse Malcourant. En effet, la mauvaise connaissance des réalités des personnes concernées entraîne de nombreuses violences et discriminations. Elles ont, par exemple, plus difficilement accès à l’éducation, à l’emploi ou encore à des services sociaux ou de santé. Elles subissent également davantage de violences physiques et sexuelles que les personnes cisgenres (NLDR : personne dont l’identité de genre correspond à son sexe biologique).
« C’est pourquoi il est important de pouvoir être à l’écoute des personnes LGBTQIA+, sans jugement, et leur offrir un espace afin qu’elles puissent être elles-mêmes ».
Idée reçue n°2 : C’est facile de faire une transition hormonale, tout le monde peut aller prendre de la testostérone en pharmacie…
« Faire une transition hormonale ou chirurgicale est tout sauf facile. Minimiser les réalités de la transition continue d’alimenter des peurs infondées sur un prétendu “effet de mode” » », constate Sofélia. En effet, l’accès aux traitements hormonaux est strictement encadré par des consultations avec des professionnel·le·s de santé. Obtenir une ordonnance n’est pas aisé et demande beaucoup de patience. Ce sont souvent les patient·e·s qui doivent informer et répondre aux questions des médecins qui ne sont pas formé·e·s sur le sujet.
« C’est long, très long… C’est un processus de longue haleine, un long travail sur soi-même, de dépassement du regard et du jugement des autres. Il s’agit aussi d’apprivoiser les modifications hormonales et physiques et d’adapter son corps à tous ces bouleversements ».
Sofélia insiste : « les soins de transition permettent l’émancipation et, il est primordial qu’ils restent accessibles ».
Idée reçue n°3 : L’EVRAS incite nos enfants à devenir trans
L’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS ) a été victime de campagnes de désinformations suite à l’accord de coopération adopté en septembre 2023. Ces animations, dispensées par des professionnel·le·s formé·e·s permettent le débat et se basent sur les questions et réalités vécues par les jeunes. « En aucun cas, les animateurs ou animatrices EVRAS n’incitent les jeunes à devenir trans. En fonction des questions et de l’âge des jeunes, on va aborder des thématiques comme le harcèlement, le consentement, la contraception ou l’IVG (interruption volontaire de grossesse). », explique Eloïse Malcourant. « On parle de 4h d’animation sur l’ensemble des 12 années d’obligation scolaire ! ». 4h qui permettent surtout de s’assurer que les jeunes disposent d’une information identique afin de pouvoir faire des choix libres et en conscience ».
La transidentité n’est pas une maladie qu’on attrape ! Il n’est pas question d’influencer ou d’inciter des enfants à devenir des personnes trans mais simplement parler des diverses identités qui existent, si la question a été posée par les jeunes.
Idée reçue n°4 : Les personnes trans sont forcément malheureuses et instables
« Si certaines personnes trans sont tristes ou malheureuses, c’est à cause de la société et des discriminations, pas à cause du fait d’être trans. Des discriminations entretenues par l’idée que les personnes trans représentent un danger pour la société. » Pour Sofélia, il est primordial de comprendre que c’est souvent la transphobie, le rejet ou le manque de reconnaissance qui causent les difficultés et non le fait d’être trans.
Un climat transphobe
« Le climat ambiant n’est vraiment pas propice aux bien-être des personnes transgenres ». La multiplication des propositions de loi anti-trans aux Etats-Unis, l’autorisation de traiter les personnes trans de malades mentaux sur Facebook ou la sortie du livre « Transmania » en France n’en sont que des exemples parmi d’autres.
« Tout au long de leur de vie, les personnes transgenres sont confrontées à des difficultés et ce, à tous les niveaux. J’espère que notre campagne pourra sensibiliser la population et aider à une meilleure acceptation de la diversité », conclut Eloïse Malcourant.
Ma vie en PLUS
Parce que dans une démocratie, tout le monde a le droit de vivre de manière égale, Solidaris est partenaire de la Pride qui aura lieu ce 17 mai à Bruxelles. Rendez-vous sur notre stand aux côtés de Sofélia et de Latitude Jeunes.
Vous vous posez des questions identitaires ? Vous êtes engagé·e dans une démarche de transition ? Solidaris est là pour vous soutenir et vous aider dans vos démarches et votre parcours de soin.