Combattre les normes de beauté sur les réseaux sociaux
Occupant une place de plus en plus centrale dans notre quotidien, les réseaux sociaux modifient nos perceptions de la beauté et influencent nos comportements en société. Margot Foubert, chargée de missions chez Sofélia, fait le point sur la question suite à une étude consacrée à la question.
Minceur, épilation, longueur des cheveux (plutôt longs !), teint (plutôt clair !)… les codes esthétiques actuels influencent les femmes et plus particulièrement les jeunes femmes actives sur les réseaux sociaux, pas forcément conscientes du fait qu’elles suivent une tendance.
Pourquoi déconstruire ces diktats ?
Car ils sont dangereux. L’idée de toujours vouloir ressembler aux modèles véhiculés par les réseaux sociaux sans y arriver peut être dangereux pour la santé et mener à des comportements qu’on n’aurait pas forcément en temps normal. Comme le fait de publier des contenus qui ressemblent à ceux des personnes qu’on suit, comme des contenus dénudés ou dans une certaine pose. Ce n’est pas forcément conscient, ni consenti non plus.
Comment fonctionnent les réseaux sociaux ?
Il favorisent certains types de contenus : des femmes plutôt minces, de couleur de peau blanche… Alors qu’à l’inverse, des contenus illustrant des personnes au corps un peu plus gros, ou qui sortirait de la norme de la minceur, ont plutôt tendance à être invisibilisées par les réseaux sociaux. En 2020, Médiapart a révélé la tendance qui consiste à mettre beaucoup plus en avant des contenus dénudés dans les fils d’actualité des gens. Par exemple, une femme qui poste une photo d’elle en bikini aura 1,6 fois plus de chance d’apparaître dans les fils d’actualité qu’une photo de cette même personne habillée. C’est aussi le cas pour les hommes, avec 1,3 fois plus de chance. La personne pourrait être incitée à poster ce genre de contenu pour avoir une meilleure visibilité. Et ce qui s’affiche sur les réseaux sociaux n’est pas nécessairement le reflet de la vraie vie. On peut modifier ce qu’on y poste de nombreuses manières différentes.
Comment utiliser les réseaux sociaux de manière positive ?
Pour éviter de tomber dans le piège, la première chose à faire consiste à faire un test : modifier votre propre contenu vous permettra de reconnaître plus facilement un contenu modifié. On peut aussi vérifier si les infos présentes sur les comptes sont vraies ou non. Idem pour les photos: à l’aide de la recherche inversée Google, on peut savoir si la photo n’a pas été prise par une toute autre personne à une autre époque. On peut aussi, tout simplement, changer d’horizon et s’habituer à voir d’autres sujets, suivre d’autres personnes, comme le compte Instagram de Danae Mercer qui montre les différences entre les photos retouchées ou non ou les différences de rendu en fonction de la pose qu’on prend. Cela permet de questionner notre regard.
Après toutes ces informations, il y a beaucoup de chances que vos « scrolls » ne soient plus tout à fait pareils sur les réseaux sociaux. Peut-être plus critiques. Et c’est tant mieux : un·e utilisateur·trice averti·e en vaut deux.
Ma Vie en PLUS
Sofélia a créé un jeu de cartes dont le but est de discuter, de partager les ressentis vis-à-vis des normes et de l’hypersexualisation sur les réseaux sociaux, ainsi que l’impact de tout cela sur la santé mentale. L’idée est de s’interroger sur la manière de retoucher les contenus, mais aborder aussi la question de l’hypersexualisation, comment on vit sur les réseaux sociaux, ce qu’on poste ou pas, quel est notre regard sur certains types de contenus. Il se joue à partir de 10 ou 11 ans, sans limite maximum. Idéalement joué entre 10 à 12 joueurs, il a été imaginé plutôt pour des animations EVRAS (l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) par les professionnel·le·s des Centres de Planning familial. Disponible gratuitement sur le site www.planningfps.be, en téléchargement PDF ou par commande.