Consentement : quand on dit non, c’est non !
« Non ». Ce mot simple et pourtant difficile à dire. Mais et surtout à faire entendre ! Alice Gaspar, chargée de missions auprès de Sofélia, la Fédé des Centres de Planning familial engagée, nous explique tout ce qu’il faut savoir sur le consentement sexuel.
Les agressions sexuelles et les viols sont des situations dramatiques et malheureusement encore très taboues. En cause, cette « culture du viol » que nous voudrions tou·te·s voir disparaître et cette insupportable tendance à interpréter un « non », pour un « oui », ou pour un « non, peut-être ». Alors que non, c’est « non » ! Alice Gaspar nous éclaire sur la question du consentement et sur la nouvelle loi qui l’encadre désormais.
En quoi consiste la « culture du viol » ?
C’est une certaine culture des violences sexuelles socialement acceptée. Elle s’est répandue dans les films, les pornos, les médias et dans les lieux culturels. On l’entend parfois dans la rue à travers des stéréotypes comme « les hommes ont des pulsions, qu’ils ne peuvent pas refréner parce que c’est plus fort qu’eux et que les femmes sont là pour les accueillir », « les femmes disent non pour dire oui »… Ces idées reçues entretiennent cette culture du non-consentement et une position d’infériorité des femmes généralisée dans la société.
Pourquoi est-il si difficile de dire « non » ?
Lorsque les femmes sont victimes de violences, elles culpabilisent en se disant qu’elles n’ont pas été assez claires sur le fait qu’elles n’étaient pas d’accord. Elles n’osent pas dire « non » parce qu’elles ont peur des représailles, qu’elles soient physiques, économiques ou autres. L’agression s’accomplit dans un cadre qui ne permet pas le consentement clair et éclairé.
Il a fallu une nouvelle loi pour soutenir le « non » des femmes ?
Effectivement. Depuis le 1er juin 2022, la loi belge prévoit que l’absence de résistance n’est pas égale à un consentement. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de ‘non’ que le ‘oui’ est intrinsèque. Il faut que le consentement soit clair et éclairé. Il doit être explicite pour être réel, sans quoi on considère qu’il y a absence de consentement sexuel.
Une femme peut-elle changer d’avis, revenir sur son consentement ?
Oui. Le consentement se donne et se retire à tout moment. On peut donc commencer par dire oui au début d’un rapport et ensuite, s’il évolue ou si elle n’en a plus envie, la personne concernée peut dire non. C’est noté dans la loi : le consentement peut être retiré avant et pendant l’acte sexuel.
On peut également réinterpréter des faits ?
Oui. On peut revenir sur l’interprétation des faits en fonction de l’âge auquel s’est passé l’agression sexuelle. Parce qu’il est possible que celle-ci ait provoqué une amnésie traumatique, ou autre chose. Quand les faits se sont déroulés lorsqu’on était mineur·e, il n’y a pas de délai de prescription. Par exemple si la femme avait 14 ans au moment des faits et qu’à 45 ans, elle se rend compte qu’en réalité elle a été victime d’un viol, il est toujours temps pour elle de porter plainte auprès de la police. Néanmoins quand l’agression s’est déroulée quand elle était majeure, c’est-à-dire à partir de 18 ans, il y a un délai de prescription de 10 ans pour le viol. On a donc 10 ans après les faits pour faire entendre sa plainte.
Une aide pour porter plainte ?
Si vous souhaitez porter plainte pour agression sexuelle, vous pouvez d’abord vous rendre dans les centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS). Ils sont présents dans plusieurs grandes villes du pays, en Flandre ou en Wallonie (www.violencessexuelles.be). Une équipe pluridisciplinaire vous prendra en charge. Vous pouvez aussi déposer plainte directement auprès des forces de l’ordre formées à la prise en charge des violences sexuelles. Vous pouvez aussi vous rendre dans un commissariat où nous vous conseillons d’être accompagné·e pour un soutien émotionnel et moral. Et finalement, vous pouvez vous rendre dans les Centres de Planning familial. En contact avec les zones de police, les équipes peuvent vous épauler dans vos démarches.
Un numéro d’appel gratuit ?
Oui : 0800/98.100. Et même un site internet : www.sosviol.be
Nous savons maintenant que c’est par l’éducation, et cela dès le plus jeune âge, que le consentement doit être clairement expliqué, compris et respecté. Ceci afin d’éviter qu’il soit à nouveau bafoué et que cela mène à de nouvelles agressions sexuelles.
Ma Vie en PLUS
Membres du réseau associatif de Solidaris, Sofélia a lancé une campagne à propos du consentement.