Et si la résilience était notre plus belle alliée ?
« Résiliente multirécidiviste » : c’est ainsi qu’elle se définit, avec un sourire qui en dit long sur son parcours. Après avoir traversé de nombreuses tempêtes, elle a choisi de transformer chaque épreuve en trampoline. Psychopraticienne, autrice et humoriste, elle partage aujourd’hui sa vision positive de la résilience, comme une capacité que chacun peut cultiver.
Découvrez notre rencontre avec Caroline Le Flour qui a fait de son “Trampoline intérieur” un véritable art de rebondir.
Vous vous définissez comme « résiliente multirécidiviste », à quel moment avez-vous pris conscience que ces épreuves pouvaient devenir des leviers plutôt que des fardeaux ?
J’en ai pris conscience lorsque j’ai découvert la résilience. Dans ma vie j’ai toujours adopté, de manière instinctive, une posture de résilience en écrivant, en utilisant le rire comme thérapie, comme zone ressource, en m’autorisant à demander de l’aide…
C’est en jouant le spectacle et en écoutant le retour du public, des journalistes, que j’ai compris que je disposais de grandes capacités de résilience.
Les épreuves de la vie (burn-out, cancer, infertilité, discopathie, problèmes cardiaques) ont permis de révéler ma résilience et de la cultiver. Le rire a toujours été présent dans ma vie mais il a pris la forme d’une bouée de survie lors des galères de ma vie, mais attention, sans pour autant tomber dans le déni.
Je sais aujourd’hui que le rire est un mécanisme de défense qui favorise la posture de résilience.
Il m’a personnellement aidé à prendre de la distance avec ce que je traversais, à me ressourcer, à provoquer l’échange. Aujourd’hui l’humour me permet de faire passer des messages de fond avec une forme ludique.
A chaque épreuve, j’ai également cherché la leçon et le cadeau caché. Certes j’avais à chaque épreuve cette impression d’avoir perdu des choses, comme du temps par exemple, comme j’étais en retard sur le planning de ma vie.
Mais je préférais avoir un prisme de lecture positif, en regardant plutôt ce que j’avais gagné, même si cela était parfois difficile à percevoir !
Garder cet état d’esprit positif, en exprimant aussi ma tristesse, m’a beaucoup aidé pour traverser les tempêtes.
C’est ainsi qu’est né mon 1er ouvrage « Le complexe du Trampoline »
Vous parlez de “trampoline intérieur” : qu’est-ce que ça signifie concrètement, et comment chacun peut activer ce “trampoline” dans sa vie ?
Je citerais une partie de citation de Marc-Aurèle, empereur Romain, qui a écrit « La prière de la sérénité ». Pour info il aurait écrit cette phrase « en sandalettes sur un champ de bataille ». Cela donne déjà une idée de son niveau de résilience.
Il y dit : « Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer ».
Pour moi ce sont vraiment les 2 premiers piliers de la résilience :
- L’acception de ce qu’on ne peut pas changer (notamment en prenant soin d’identifier et d’exprimer ses émotions).
- Le fait de se mettre en mouvement et d’agir ce sur quoi on peut agir, notamment sur notre personnalité, notre vision de la situation et notre environnement (s’entourer de gens bienveillants, sécurisants…).
Il y a des choses que l’on ne peut pas changer et d’autres sur lesquelles on peut agir, quand on arrive à comprendre ça, alors ce trampoline intérieur s’active.
Dans votre pratique, quels freins et préjugés observez-vous souvent chez des personnes qui voudraient devenir plus résilientes, comment les aider à les surmonter ?
Parmi les principaux freins, on retrouve la honte.
La honte de ce que l’on a vécu, la honte d’être en situation de vulnérabilité et jugé.e comme faible, dénigré.e…
Me concernant, il m’a fallu 10 ans environ pour passer de la honte à la fierté…
« Ok, je vis des épreuves qui me fragilisent, je suis en situation de vulnérabilité et je le suis encore. Mais il y a de la beauté aussi dans la vulnérabilité car tous ces évènements m’ont construite, m’ont fait grandir, m’ont beaucoup appris.»
La honte est un frein car elle peut favoriser un isolement subi (à la différence de celui que l’on choisit pour se reposer par exemple) car elle peut nous empêcher de demander de l’aide alors que l’on aurait besoin. La culpabilité est également un sentiment très énergivore qui nous enferme.
La non-acceptation, le fait de refouler nos émotions, de les contenir participe au blocage de notre processus de résilience.
J’aime dire que « nos émotions sont nos amies ». Une émotion porte un message et si on l’écoute elle vient nous éclairer sur un besoin auquel nous n’avons pas encore répondu.
Pour une personne qui traverse une période difficile (maladie, perte d’un proche, stress, burn-out…), quels seraient les trois premiers “petits pas” pour commencer à rebondir ?
Les 3 premières clés sont :
- l’acceptation
- l’expression des émotions
- la mise en action en se connectant à ses ressources !
Si vous pouviez envoyer un message à toutes les personnes qui aujourd’hui se battent contre le cancer ou une autre épreuve, qu’est-ce que vous aimeriez qu’elles entendent (ce qui pourrait les réconforter ou les encourager) ?
Je leur dirais que l’on ne choisit pas les épreuves qu’on traverse, mais on a la possibilité d’agir sur la manière de les appréhender. C’est là que réside notre pouvoir : de décider du prisme de lecture et également la qualité de notre entourage. Je ne dis pas que cela est simple mais si l’on ne sait pas comment s’y prendre, aller vers une personne qui va les aider à enclencher leur « trampoline intérieur » : un.e proche, ami.e, groupe de parole, psychopraticien.ne, communauté aidante..
Un endroit où on pourra trouver quelqu’un.e avec qui on se sentira en confiance pour s’exprimer, et, si besoin, être accompagné.e pour trouver des ressources vers qui se tourner .
Pour la résilience, ce n’est pas une injonction mais une invitation à l’acceptation et au passage à l’action mais il est très important de respecter son écologie intérieure, à chacun sa manière et son rythme.
Et je trouve très important de penser aux aidant.e.s, qui vivent aussi l’épreuve d’un proche et se sentent souvent illégitimes alors qu’ils ont souvent également besoin d’être aidés.
Vous avez souffert d’un burn-out et vous en connaissez les mécanismes. Aujourd’hui, votre vie est très active : psychopraticienne, autrice, humoriste, conférencière… Comment faites-vous pour vous préserver ?
Je suis une femme multiple et engagée. Je porte la maternité de nombreux projets. J’aime l’émulation, cette vie que cela provoque. J’assume totalement le fait que je transfère ma maternité biologique dans tous les projets auxquels je donne naissance.
Semer les graines de la résilience avec le Mouvement « Résiliencez-Vous ! », le spectacle La « Chauve SouriT » me comble, donne du sens à ce que j’ai traversé.
Deux de mes leviers principaux de résilience sont la créativité et la mise en mouvement. Mais cela m’est propre.
Face à une épreuve, j’aime dire qu’il y a autant de résilient.e.s que de formes de résilience. Chacun vit sa résilience de manière propre et singulière.
Pour me préserver, je suis écologique avec moi-même. En tant que somathérapeute, j’essaie d’être une cordonnière bien chaussée. Je veille à mon équilibre intérieur, à ma fatigabilité, à la dose d’énergie (car j’en ai beaucoup) que je place dans chacune de mes activités.
Je fais aussi très attention à rester alignée avec mon cœur, ma tête et mon corps en lien avec mes valeurs. Je cultive les petits plaisirs, les petits bonheurs simples de la vie.
Enfin, j’ai un entourage très soutenant et bienveillant, notamment mon mari Youenn et mon animal de compagnie, mon Golden Raoul, mon bébé tout doux, qui m’ancre et m’apaise beaucoup..
Vous connaissez à présent la recette de mon calme intérieur.
Ma Vie en PLUS
Et si on se sent incapable d’en parler ?
Se sentir dépassé·e est une réaction normale face à une situation difficile. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, un·e professionnel·e peut vous accompagner.
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