Papillomavirus : Aussi une affaire de garçons !
Depuis août 2022, la vaccination contre le papillomavirus est entièrement remboursée pour les garçons de moins de 18 ans. Une très bonne chose sachant que ce virus touche autant les garçons que les filles !
Au cours de leur vie, 80% des personnes actives sexuellement vont contracter un ou plusieurs papillomavirus. Ce virus a longtemps été considéré uniquement comme un problème de fille. Pourtant, les garçons peuvent être infectés et cela peut avoir des conséquences sur leur santé. On fait le point avec Céline Gortz, médecin généraliste au centre planning familiale de Tubize.
Le papillomavirus, c’est quoi ce virus ?
Le papillomavirus est une infection sexuellement transmissible fréquente qui affecte la peau et les muqueuses. Elle se transmet soit par pénétration, soit par frottement.
Il existe environ 200 types de HPV (Human Papillomavirus). Ils ont le même squelette, mais des chapeaux différents ! Tous ne sont pas dangereux. Une dizaine d’entre eux sont cancérigènes dont les HPV 16 et 18 qui sont responsables de 71% des cas de cancers. Deux autres HPV (les 6 et 11) sont responsables des condylomes. Ce sont des verrues qui apparaissent sur les zones génitales. Elles n’évoluent pas en cancer mais peuvent être gênantes et difficiles à gérer physiquement et psychologiquement.
Pourquoi le papillomavirus est-il aussi une affaire de garçons ?
Contrairement aux idées reçues, le papillomavirus touche tout le monde, indépendamment du sexe, du genre ou de l’orientation sexuelle.
C’est important que les garçons se fassent vacciner. D’abord, pour protéger les autres car ils sont susceptibles de le transmettre à leur partenaire. Ensuite, pour prévenir un éventuel cancer du pénis, de l’anus, de la gorge ou des condylomes, verrues génitales.
Les filles sont considérées comme étant plus à risques, pourquoi ?
Les filles sont plus à risques parce que le virus aime le col de l’utérus. Le HPV peut s’y développer tranquillement. Une femme ne peut pas contrôler son col toute seule. Il y a donc plus de risques pour une femme qu’une infection dégénère. Plus de 99 % des cancers du col de l’utérus sont provoqués par une infection chronique par papillomavirus. C’est pourquoi il est important de se faire dépister.
Alors qu’un garçon remarquera vite si quelque chose cloche et pourra être pris en charge rapidement.
Il est donc important de se faire vacciner et dépister...
Gardons à l’esprit que les infections au papillomavirus sont très fréquentes et qu’il ne faut pas paniquer lorsque cela arrive.
D’ailleurs, les dépistages ne se font pas avant 25 ans, car avant cela, la personne va éliminer le HPV naturellement. C’est après qu’on encourt des risques.
A partir de 25 ans, il est conseillé de faire un frottis tous les 3 ans chez son gynécologue, son médecin généraliste ou dans un centre de planning familial… Même si on est vacciné·e !
Il existe trois vaccins dont le Gardasil 9 qui protège de 9 papillomavirus : les 7 plus méchants, responsables des cancers et les 2 autres responsables des condylomes (verrues génitales).
Dans la majorité des cas, si le frottis révèle une inflammation due à la présence d’un HPV , votre médecin vous conseillera un contrôle à 6 mois pour surveiller l’évolution de l’infection virale car la personne peut l’éliminer seule.
Il faut voir le HPV comme un voleur dans une maison. Il y a trois couches d’évolution à l’infection, les trois étages de la maison :
- Le voleur est au rez de chaussée, le virus est en superficie du col de l’utérus, il n’est pas très avancé, pas de quoi s’inquiéter.
- Le voleur est au 1er étage (première couche du col), c’est fréquent, le voleur peut encore être intercepté.
Pour ces deux premières étapes, un contrôle après 6 mois est recommandé.
- Mais si le voleur va jusqu’au 2ème étage et au grenier (la 2ème et 3ème couche), il faut passer un examen plus approfondi, une colposcopie. En fonction des résultats, il est possible que votre médecin vous propose d’intervenir chirurgicalement. Une opération laser pour enlever le bout de col de l’utérus infecté.
Le vaccin vient mettre une alarme sur la maison, le voleur n’atteindra pas le grenier.
Ma vie en PLUS
Il est recommandé de se faire vacciner avant les premiers rapports sexuels pour plus d’efficacité. La moitié des infections au HPV a lieu entre 15 et 24 ans mais la vaccination est toujours possible au-delà. Sachez toutefois que :
- Le vaccin est gratuit pour les jeunes qui font leur première dose entre 11 et 13 ans.
- La vaccination est remboursée par la mutuelle jusqu’à 18 ans, tant pour les filles que pour les garçons.
- A partir de 19 ans, le vaccin n’est plus remboursé et coûte 131.48€