Le business du bien-être : entre quête de sens et dérives commerciales
Le marché du bien-être explose. Il s’invite dans nos routines, nos écrans, nos conversations et s’impose comme une priorité. Mais derrière cette quête légitime de mieux-être se cachent parfois une industrie aux stratégies marketing affûtées et des coachs pas toujours fiables. Un univers où l’on peut vite s’égarer…
Ma vie en plus vous emmène sur le marché du bien-être, un business pas toujours aussi zen qu’il n’y paraît.
Le bien-être : un nouvel impératif social
Autrefois synonyme d’équilibre, de sentiment d’être en forme, d’absence de maladie, d’épanouissement, le bien-être est aujourd’hui présenté comme un objectif de vie à atteindre, une performance à réaliser.
Corps, esprit, alimentation, sommeil, émotions, travail… tout doit être aligné, optimisé, maîtrisé. Le bien-être s’est imposé comme une nouvelle norme sociale.
Il ne suffit plus de se sentir bien : il faut être zen, productif·ve, résilient·e, lumineux·se… et le montrer.
Dans cette course au mieux-être, la pression monte, la frustration grimpe. Initialement censée nous apaiser, cette quête devient source de mal-être.
Le bien-être n’est plus seulement une aspiration personnelle ; c’est un secteur économique colossal, un nouvel eldorado, un pur produit de consommation vendu à prix fort et érigé en nouvelle norme sociale.
Entre tendances dernier cri, injonctions et dérives…
Quand le bien-être devient business
Le marché du bien-être explose. Porté par une société en quête de sens et de réconfort, il attire autant les individus en recherche d’équilibre que les industriel.le.s flairant la moindre opportunité commerciale. Résultat : une profusion de tendances, gadgets, rituels et promesses parfois discutables.
Le bien-être 2.0
Application de méditation, lunettes de réalité augmentée, coach virtuel, tracker de sommeil, matelas équipé de capteurs, expériences immersives multisensorielles, bulle à flotter…
A l’heure du numérique, le bien-être se veut technologique, immersif, quantifié. On médite sous notifications, on respire au rythme d’une montre, on dort selon les recommandations d’une intelligence artificielle…
Mais cette hyperconnexion sert-elle réellement notre santé mentale et physique ou alimente-t-elle surtout les profits d’un marché en pleine expansion ? Peut-on vraiment se recentrer sur soi à travers un écran ?
Le retour aux sources : entre quête de sens et marketing spirituel
A contre-courant de l’ultra-connecté, une autre tendance s’affirme : le retour aux pratiques « alternatives » : soins énergétiques (reiki), lithothérapie (pierres), sonothérapie (bol tibétain)… Elles séduisent par leur promesse de reconnexion à soi, à l’essentiel, au naturel, loin des écrans et des algorithmes.
Mais là encore, la vigilance s’impose : toutes les méthodes ne se valent pas. Si certaines peuvent apporter un réel apaisement, d’autres relèvent davantage du marketing spirituel sans aucun fondement scientifique ni bénéfice avéré. Faire son marché bien-être exige donc discernement et esprit critique.
Le bien-être s’invite dans nos assiettes
Le bien-être ne se limite pas aux pratiques corporelles ou mentales. Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique ont flairé la bonne affaire : allégations de santé, promesses en tous genres, compléments alimentaires à profusion… Le marketing du mieux-être sature les rayons, les esprits mais aussi notre organisme.
Prenons l’exemple des compléments alimentaires. Leur usage s’est banalisé, souvent sans avis médical et parfois à des doses excessives. La moitié de la population (52%) en consomment un ou plusieurs. Et pourtant, ils ne remplacent pas un régime alimentaire sain et varié.
Alors, avant de remplir vos placards de pilules aux vertus supposées, parlez-en à un professionnel de santé. Le bien-être ne se décrète pas sur une étiquette.
Le boom du développement personnel : solution ou symptôme ?
Une autre tendance s’impose avec force : le développement personnel. Livres, podcasts, retraites, séminaires… nous vendent la même promesse séduisante, celle de devenir la meilleure version de nous-même.
Mais derrière cette injonction à l’épanouissement individuel, une logique plus sournoise se profile, notamment lorsque le développement personnel tend à individualiser des problématiques collectives : stress, burn-out, anxiété, précarité… Il fait peser sur les individus la responsabilité de leur mal-être, comme s’il suffisait de travailler sur soi pour que tout aille mieux.
Le bien-être : quand l’apparence prend le dessus
Une autre mode fait son chemin sur le marché du bien-être : sa mise en scène. Il ne suffit plus d’aller bien, il faut que cela se voie — et surtout, que cela se partage. Stories, reels, selfies : tapis de yoga immaculé, smoothie vert, peau éclatante, corps sculpté… L’esthétique du bien-être envahit les réseaux sociaux et façonne un imaginaire aussi séduisant qu’inaccessible.
Ce bien-être visuel, calibré et retouché, entretient de nouveaux standards de perfection et de performance. Derrière les filtres et les hashtags, il impose une norme faussement naturelle, souvent très éloignée du véritable mieux-être. Cette quête de l’image parfaite ne nous éloigne-t-elle pas de ce que signifie réellement « se sentir bien » ?
Et si on reprenait la main sur son bien-être ?
Le bien-être est devenu une industrie florissante, pleine de promesses… mais aussi de dérives : coachs autoproclamé.e.s et peu scrupuleux·ses, intervenant.e.s peu compétent.e.s, pratiques non encadrées, produits à l’efficacité non prouvée, manque de professionnalisme, secteur pas assez réglementé…
Ce marché qui prospère sur les émotions, les doutes et la fragilité entraine parfois les plus vulnérables d’entre nous dans une dépendance émotionnelle et financière.
Il entretient l’idée que ne pas aller bien, c’est avant tout un échec personnel. Or, le bien-être est déterminé par une multitude de facteurs sociaux, économiques et politiques.
Le bien-être se paie parfois très cher. Et, pourtant, il n’est pas nécessaire de se ruiner pour aller mieux. Une balade au grand air ne coûtera rien et vous fera le plus grand bien. L’activité physique aide en effet notre corps à produire de la dopamine et de la sérotonine, les hormones du bien-être.
Bouger, mais aussi dormir, manger sainement et de façon équilibrée, se reconnecter aux autres et à la nature : voilà les fondements simples, accessibles et souvent oubliés du bien-être.
Reprendre la main sur son bien-être, c’est faire preuve de discernement, interroger ses vrais besoins et refuser les injonctions et solutions miracles. Le bien-être ne s’achète pas, ça se construit, ça se vit.
Ma vie en PLUS
Prenez soin de votre mental, comme vous prenez soin de votre corps. En cas de mal-être, n’hésitez jamais à consulter un·e profesionnel·le de santé, que ce soit votre médecin généraliste ou un·e psychologue.
Le coût de la consultation ne doit pas être un frein. Solidaris rembourse les séances chez le·la psy jusqu’à 400€ par an.