Être gaucher·ère aujourd’hui, force ou handicap ?
Minoritaires dans la population, les gaucher·ères, autrefois stigmatisés, continuent de fasciner. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette latéralité ? Et qu’est-ce que cela veut dire, au fond, être gaucher·ère ?
Un peu plus de 10% de la population est gaucher·ère, et cela peut compliquer les tâches les plus élémentaires quand il s’agit d’utiliser des objets domestiques ou des outils. On définit le·la gaucher·ère généralement par la main d’écriture mais pas seulement. Certaines personnes sont droitières de la main mais gauchères du pied. D’autres seront en effet droitières de l’œil. En fait, la latéralité est un phénomène bien plus complexe que ce que l’on pourrait croire…
Pourquoi les gaucher·ères sont-ils minoritaires ?
Une récente étude hollandaise suggère que les gènes jouent un rôle non négligeable, estimant à environ 25 % l’héritabilité de la gaucherie. Mais au-delà de la génétique, le mimétisme et l’éducation jouent aussi leurs rôles. Chez la plupart des gens, c’est l’hémisphère gauche qui contrôle le langage. Et c’est la même région de l’hémisphère gauche qui contrôle les mouvements des mains. C’est pour cela que la majorité des personnes sont droitières quand ils utilisent des outils ou qu’ils font des gestes. De plus, dans les sociétés où l’écriture se fait de gauche à droite, comme chez nous, l’usage de la main droite est souvent encouragé pour la fluidité du mouvement.
Le cerveau d’un·e gaucher·ère serait-il le miroir du cerveau d’un·e droitier·ère ?
Eh bien non. Pour rappel, notre cerveau est composé de deux hémisphères. On présente souvent le cerveau gauche comme associé au raisonnement logique et rationnel, le cerveau droit étant plutôt intuitif et émotionnel. L’hémisphère gauche contrôle notre côté droit et l’hémisphère droit contrôle notre côté gauche. Dans la plupart des cas, cette répartition est identique qu’on soit droitier·ère ou gaucher·ère.
Les gaucher·ères fonctionnent-ils différemment ?
Basée sur l’hypothèse selon laquelle les gauchers ont des hémisphères droits mieux développés et ont donc des fonctions motrices, attentionnelles et spatiales mieux développées que les droitier·ères, cela pourrait expliquer que les gaucher·ères soient plus à l’aise dans des sports comme le tennis, l’escrime et la boxe. Au tennis, beaucoup de joueurs de haut niveau frappent avec leur main gauche: John McEnroe, Martina Navratilova, Monica Seles et Rafael Nadal, pour ne citer que les plus célèbres. Aussi parce que les athlètes droitier·ères sont plus habitué·es à affronter d’autres droitier·ères, les gaucher·ères, eux, ont toujours dû s’adapter à une majorité droitière.
Une minorité qui doit sans cesse s’adapter
David 42 ans fait partie des 10% de la population de gauchers. Il nous explique comment il s’est adapté à vivre dans un environnement où tout est conçu pour les droitiers.
Qu’est-ce qui est le plus compliqué lorsqu’on est gaucher ?
« Je ne parlerais pas de difficulté mais plutôt de frustration. Il y a une tas d’objets du quotidien qui clairement ont été conçus par des droitiers pour des droitiers. Prenons le simple exemple d’un cahier à reliure spirale. La spirale du cahier gêne considérablement le mouvent de la main gauche surtout lorsqu’elle s’approche du bord gauche de la page. La spirale t’oblige à adopter une position plutôt inconfortable. »
Il existe en effet un certain nombre d’objets spécialement adaptés au gaucher mais dans bien des cas, c’est encore à la personne gauchère de s’adapter.
« On se rend compte très tôt que le monde n’est pas pensé pour nous. À l’école primaire déjà, les gauchers doivent s’installer à gauche sur les bancs de deux, sans quoi ils gênent systématiquement l’autre enfant lorsqu’ils écrivent. »
Les gauchers·ères seraient plus forts en math, mythe ou réalité ?
C’est ce qu’affirme une étude réalisée par le site IFL Science auprès de 2300 personnes. En effet, le résultat est sans appel. Les gauchers seraient plus disposés que les droitiers à avoir une logique mathématique et seraient bien meilleurs pour résoudre des problèmes mathématiques compliqués lorsque les personnes qui se sont décrites comme exclusivement droitières ont obtenu de moins bons résultats que le reste du groupe dans toutes les épreuves.
Des gauchers·ères plus créatifs ?
D’après des experts, l’utilisation des deux côtés du cerveau permettrait de faire preuve de plus de créativité. Les gaucher·ères seraient également meilleur·es pour la pensée divergente, ce qui est un moyen de générer des idées en explorant de nombreuses solutions possibles à une situation donnée.
Le témoignage de David converge dans ce sens. Lui aussi a un esprit très logico-mathématique tout en étant créatif. « Cette aptitude me permet d’aborder les problèmes de manière analytique tout en trouvant des solutions innovantes et originales. C’est un véritable atout dans mon travail de développeur informatique ».
Ma vie en PLUS :
Il n’y a pas de supériorité inhérente à être gaucher·ère ou droitier·ère. Chaque côté à ses propres avantages et inconvénients. L’important est de pouvoir s’adapter et de trouver les moyens de tirer le meilleur de soi-même.
Bien que de nombreuses études aient été menées et différentes pistes étudiées, le mystère des gaucher·ères continue de passionner la communauté scientifique.
Sources :
Lien vers l’étude : Why Are Some People Left-Handed? | IFLScience
https://www.nature.com/articles/d41586-024-00977-x
https://www.rtbf.be/article/un-gene-a-l-origine-des-gauchers-decouvert-par-les-chercheurs-11356272