Symptothermie : cette contraception naturelle est-elle fiable ?

Qu’est-ce que c’est une contraception naturelle ?

L’OMS définit les contraceptions naturelles de cette façon : “Des méthodes ne nécessitant pas la prise de médicament, ni de dispositif médical, basées sur la connaissance du cycle menstruel féminin.” Le but de toutes ces méthodes est de détecter l’ovulation et de déterminer la période fertile.

Il existe, par exemple, la méthode uniquement basée sur le calendrier (méthode Ogino). On observe pendant une période les moments d’ovulation. Ce n’est pas la plus fiable car les cycles peuvent fluctuer.

Ensuite, il y a toutes les méthodes basées sur la connaissance de cycle et l’analyse d’indicateurs clés comme l’observation de la glaire cervicale (les pertes blanches) ou l’observation de la température basale (la température la plus basse que le corps atteint au repos), l’observation du col de l’utérus, … Mille et une méthodes existent.

La symptothermie est une méthode qui regroupe l’étude de plusieurs de ces indicateurs dont la prise de température basale et l’analyse de la glaire cervicale.

Est-ce que la symptothermie est fiable et efficace ?

La symptothermie a de multiples avantages. Elle combine l’observation de plusieurs indicateurs et elle a été étudiée correctement. Parmi toutes  les méthodes naturelles, c’est une des seules qui a été objectivée par l’OMS, avec une étude approfondie, pour évaluer son efficacité.

Avec la symptothermie, les règles à suivre sont très claires. Une fois qu’on a analysé les indicateurs clés, n’importe qui formé à la méthode va, avec les mêmes données, définir la même période fertile. La méthode est carrée. L’indicateur de température est, en plus, très fiable pour déterminer l’ovulation. Il est scientifiquement prouvé que la température basale monte au moment de l’ovulation.

Attention toutefois qu’un cycle n’est pas l’autre et qu’une femme n’est pas l’autre non plus. Il est important d’analyser chaque cycle consciencieusement car un coup de stress, une grippe et le cycle peut être totalement chamboulé.

Si on veut utiliser une de ces méthodes naturelles, autant choisir la plus complète et la mieux étudiée. C’est une méthode qui a prouvé son efficacité. Si on l’applique bien, c’est aussi efficace que la prise d’une pilule par exemple, mais le succès est fortement corrélé à la motivation de la personne et est dépendant aussi de la réalité de chacune.

La motivation, facteur d’efficacité de la symptothermie.

C’est une méthode très contraignante. Il faut prendre quotidiennement sa température avant même d’avoir quitté son lit, de préférence à heure fixe. Il faut également observer sa glaire chaque jour et compiler toutes les données. Cela demande une certaine discipline et une bonne dose de motivation !

Une étude a démontré l’incidence de la motivation sur l’efficacité de la méthode. L’indice de Pearl (qui correspond au pourcentage de grossesses “accidentelles” sur un an d’utilisation optimale d’une méthode contraceptive.) est à 1 pour les couples très motivés à ne pas avoir d’enfants. Il est, par contre, à 16 pour les couples qui veulent des enfants mais pas toute suite. Avec un indice si élevé, on ne parle plus de contraception.

La manière dont on gère la période fertile a aussi son importance sur l’efficacité de la méthode. Si on s’abstient de tout rapport, c’est forcément plus efficace que si on a des rapports protégés avec une protection mécanique ou des rapports parfois protégés, parfois pas, etc.

A qui s’adresse la symptothermie?

La symptothermie est intéressante pour les couples qui ne veulent pas de contraceptif et qui souhaitent de temps en temps se passer d’une protection mécanique (préservatif, diaphragme, etc.).

De prime abord, ce n’est pas la méthode contraceptive conseillée pour quelqu’un·e qui ne veut pas d’enfants. La fenêtre non-fertile (période pendant laquelle il n’y a pas de risques de grossesses) n’est pas très étendue (une dizaine de jours). Ce n’est pas non plus conseillé pour une femme atteinte d’endométriose ou du syndrôme des ovaires polykystiques car les cycles sont trop irréguliers.

On conseillera plutôt la symptothermie à une femme qui a des soucis avec sa contraception, qui ne veut plus d’hormones, qui cherche à comprendre ce qui se passe dans son corps.

C’est une méthode contraceptive, mais pas seulement. On peut tout à fait l’utiliser dans un processus de conception ou simplement pour observer son cycle menstruel.

La symptothermie : un outil pour s’approprier son corps.

A chaque début de cycle, il est demandé de définir si on est en contraception, en observation de cycle ou en conception. Les règles à suivre sont globalement les mêmes, mais cela oblige la personne à réaffirmer ses attentes.

On apprend beaucoup de choses sur le cycle menstruel en suivant les principes de la symptothermie. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas comment cela fonctionne : Quand est-on fertile ? C’est quoi les règles ? Une ovulation ? C’est une manière de se réapproprier son corps.

Une grille de lecture sur plusieurs cycles peut aider à résoudre plus facilement certains problèmes. Par exemple, des problèmes de digestion qui tomberaient à chaque fois au même moment ou des phases acnéiques.

Un·e médecin formé·e pourra aussi évaluer les éventuels problèmes de fertilité. Dans certaines situations où la conception d’un·e enfant est difficile, l’étude du cycle peut être un vrai atout.

Y-a-t-il des contre-indications ?

Il n’y a pas de contre-indications comme il peut y avoir pour la pilule, par exemple. Par contre, il est préférable d’éviter la méthode symptothermie dans certains cas. Par exemple, si on est en début de ménorrhée (premières règles) ou en péri-ménopause. Deux périodes où les cycles sont beaucoup plus compliqués à interpréter. Tout comme la période du postpartum et de l’allaitement où, là aussi, les cycles sont difficilement déchiffrables.

Certains médicaments, comme les anti-dépresseurs, peuvent aussi avoir un impact sur le cycle et rendre difficile la lecture des signes.

On la déconseille comme contraceptif aussi dans le cas de pathologies, comme le syndrome des ovaires polykystiques. Mais dans le cadre d’une conception, c’est assez pertinent d’observer son cycle dans le cas de pathologies comme celles-ci. Cela permet d’avoir une image complète du cycle et voir où ça coince. Un examen chez la·le gynécologue permet de détecter beaucoup de choses, mais cela reste un examen réalisé à un instant T, ce n’est pas représentatif du cycle complet.

Est-ce que ma·mon gynécologue peut m’aider à appliquer la méthode ?

Une formation de suivi de cycle, c’est généralement 4X2h. Un·e médecin ne peut pas assurer cela en plus de son travail quotidien. Par contre, il ou elle peut déjà vous renseigner. Généralement ce sont des accompagnant·e·s (doula, sage-femme ou autres) qui forment les personnes intéressées aux méthodes certifiées. Il existe plusieurs méthodes certifiées et les formations peuvent être individuelles ou groupées.

Si on veut utiliser la méthode comme contraceptif, il est indispensable de suivre la formation. Il existe beaucoup d’applications de suivi de cycle, mais il est nécessaire de s’en remettre à des professionnel.le.s de la santé avant tout, qui seront bien plus fiables qu’une app ! Cet accompagnement sert d’entrainement pour analyser les grilles de lecture. Il faut beaucoup de lectures de cycle pour comprendre la méthode et les différents signes.

Les moments de formation en groupe sont aussi des moments de sororité. Ces échanges entre femmes, les partages d’expériences, ça donne confiance. C’est une réelle prise de pouvoir sur soi !

On peut aussi faire les formations en couple. C’est une manière pour l’autre d’assimiler et de comprendre ce que vit sa partenaire, de s’impliquer dans la contraception du couple. Pour autant, ce n’est pas une contraception “féministe” car la charge mentale repose principalement sur la femme. Elle est même plus importante que pour d’autres prises de contraceptif.

Peut-on le combiner avec un autre contraceptif ?

Pour commencer, on peut tout à fait pratiquer la méthode avec un contraceptif comme le stérilet en cuivre. Pendant quelques mois, on observe, on fait ses premières analyses et quand on se sent prête, on passe en 100% symptothermie.

Avec une contraception hormonale comme la pilule, ce n’est pas possible car l’ovulation n’a normalement pas lieu. La lecture est tronquée.

Les barrières mécaniques comme le préservatif, le diaphragme, etc. sont bien sûr utilisables en parallèle de la méthode. N’oublions pas qu’au-delà de l’aspect contraceptif, le préservatif masculin ou féminin protège avant tout des infections sexuellement transmissibles.

Ma vie en PLUS

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Si la méthode vous intéresse, n’hésitez pas à prendre contact avec l‘un des centres de planning de Sofélia ou un·e gynécologue.

Pour aller plus loin sur la question de la contraception,  découvrez la vidéo sur les alternatives à la pilule.