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Euthanasie : quelques cas particuliers…

Épisode 9 -

La loi belge relative à l’euthanasie est très précise. Malgré cela, il n’est pas toujours facile d’y voir clair dans certaines circonstances particulières. Mara Barreto, chargée de projets en santé et fin de vie pour l’asbl Liages, nous aide à y voir plus clair.

La déclaration anticipée d’euthanasie

 La loi belge permet à un·e médecin de pratiquer une euthanasie sur une personne inconsciente dans la mesure où elle a rempli, au préalable, une déclaration anticipée d’euthanasie. Ce document va permettre à la·au médecin de poser l’acte à trois conditions : si sa·son patient·e a une affection grave et incurable, se trouve aussi dans un état d’inconscience et que cet état est irréversible. Il s’agit d’un formulaire que l’on doit remplir, en présence de deux témoins. Si on le souhaite, on peut aussi renseigner une ou plusieurs personnes de confiance qui seront chargées de transmettre nos volontés à la·au médecin. Cette déclaration peut être retirée ou révisée à tout moment.

Les subtilités :

  • La validité de la déclaration

Si la déclaration anticipée d’euthanasie a été signée à partir du 2 avril 2020, elle est valide pour une durée indéterminée. Auparavant, sa durée de validité se limitait à cinq ans. Il est donc très important de se rappeler que si notre déclaration a été signée avant le 2 avril 2020, il faut songer à la renouveler encore une fois. Ce sera la dernière, après, elle sera illimitée.

  • La nationalité et le lieu de résidence

La loi belge ne prévoit pas de conditions d’obligation de nationalité ou de résidence en Belgique pour l’obtention d’une euthanasie. En revanche, ce type de demande va trouver un obstacle important vu les conditions de la loi qui exigent de la part de la·du médecin qu’il ait établi une relation thérapeutique approfondie avec sa·son patient·e.

  • Les maladies entraînant des troubles cognitifs

La loi précise, pour demander l’euthanasie, que la·le patient·e soit capable, conscient·e, au moment de sa demande, que cette demande soit répétée, réfléchie, sans pression extérieure. Pour les patient·e·s souffrant de troubles cognitifs, comme par exemple, la maladie d’Alzheimer, une euthanasie n’est possible que pendant une période très courte de l’évolution de la maladie : elle doit être suffisamment avancée pour que la·le patient·e éprouve des souffrances au point de demander une euthanasie, mais pas trop avancée pour pouvoir encore être en capacité de  faire cette demande.

  • Le grand âge

Le grand âge en tant que tel ne peut pas être considéré comme une affection médicale grave et incurable. Ceci dit, chez les patient·e·s très âgé·e·s, il y a souvent des polypathologies (pathologies multiples). C’est-à-dire que ça va être l’ensemble des pathologies qui va provoquer chez ces patient·e·s des souffrances qui ne peuvent pas être apaisées. Ce sera donc aux médecins de faire la distinction entre les deux cas.

  • L’origine de la demande

La demande doit toujours venir de la·du patient, mais si la·le médecin perçoit que sa·son patient·e a envie d’en parler, il lui appartient d’aborder la question et aussi de parler de son état de santé, de son espérance de vie, des possibilités thérapeutiques encore envisageables ainsi que celles offertes par les soins palliatifs. En plus, il y a des contrôles. Par exemple, l’obligation de la part de la·du médecin de faire appel à un·e deuxième médecin et même un·e troisième s’il s’agit d’un décès qui n’est pas prévu à brève échéance. Elle·Il doit aussi consulter l’équipe soignante et s’entretenir avec la famille si la·le patient·e le souhaite. C’est toujours en l’absence de loi que l’arbitraire est possible.

Ma Vie en PLUS

L’asbl Liages vise à informer et sensibiliser le public pour que chacun·e puisse faire ses choix en connaissance de cause, mais aussi les faire savoir et les faire respecter. Retrouvez toutes ses actions et brochures concernant la fin de vie sur le site www.liages.be