Comment améliorer la loi relative à l’avortement ?
La législation actuelle inscrit l’avortement comme un acte qui peut être sanctionné pénalement. Eloïse Malcourant, chargée de communication pour Sofélia, nous guide au travers des revendications de sa Fédération de Centres de Planning familial pour améliorer la situation et faire de l’avortement un réel droit des femmes.
Pourquoi Sofélia prend position par rapport à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ?
Aujourd’hui, l’IVG est régie par une loi datant d’octobre 2018, une loi qui ne va pas suffisamment loin en matière de droit des femmes à disposer librement de leur corps. C’est pourquoi notre association avance plusieurs revendications pour l’améliorer.
L’IVG est-elle un réel droit des femmes ?
Non. La loi de 2018 maintient des sanctions pénales à l’égard des femmes et des médecins qui ne respecteraient pas les conditions qu’elle impose. Par sanction pénale, on entend des amendes, mais également des peines de prison. Sofélia milite pour la suppression de toutes les sanctions pénales à l’égard des femmes et des médecins car cela maintient une stigmatisation autour de l’avortement. Nous souhaitons une nouvelle loi, qui serait rattachée à d’autres lois en lien avec les droits des patient·e·s et les soins de santé.
Quelle est votre position par rapport au délai légal des 12 semaines de grossesse dans lequel il est possible d’avorter en Belgique ?
Nous prônons l’allongement de ce délai à 18 semaines. Nous soutenons la Clause de l’Européenne la plus favorisée, un texte de Gisèle Halimi prônant, dans le cadre de l’IVG, le modèle légal suédois qui propose l’avortement sur simple demande de la femme jusqu’à 18 semaines de grossesse. C’est important de demander l’allongement de ce délai légal car chaque année en Belgique, 400 femmes se rendent aux Pays-Bas en raison d’un délai dépassé. Au-delà de ces 400 femmes, il y en a beaucoup qui n’ont pas les moyens financiers ou les ressources psycho-sociales suffisantes pour se rendre aux Pays-Bas. L’allongement de ce délai est donc fondamental.
Doit-on supprimer l’obligation du délai de réflexion ?
C’est ce que nous demandons avec Sofélia ! Il s’agit d’un délai entre la première visite et l’acte d’avortement en lui-même qui doit être respecté par la femme et la·le professionnel·le. Nous souhaitons supprimer l’obligation de maintenir ce délai de réflexion. Nous prônons une discussion entre la·le professionnel·le et la patiente afin de décider ensemble ce qui est le plus adapté dans son cas précis. Supprimer ce délai de réflexion ne veut pas dire non plus que les femmes vont se rendre dans un Centre de Planning familial et avorter directement. Il y a un échange prévu avec les professionnel·le·s et sur cette base, on peut décider de quand l’avortement pourra être pratiqué. La majorité des femmes qui se rendent en Centre de Planning familial pour avorter ont déjà réfléchi avant de s’y rendre.
Faut-il considérer l’IVG comme un acte médical ?
Oui. Actuellement, si la·le médecin ou la patiente ne respectent pas les règles telles qu’établies par la loi, elles·ils sont passibles d’emprisonnement. Nous voulons faire reconnaitre l’avortement comme un réel droit, un acte médical à part entière et dès lors déconstruire la stigmatisation autour de l’avortement.
Quelle approche faut-il privilégier ?
La loi actuelle mentionne que la·le professionnel·le doit informer la femme des différentes possibilités d’accueil de l’enfant à naître. Nous voulons supprimer cette mention que nous trouvons culpabilisante. Nous souhaitons que la·le professionnel·le encadre chaque femme au cas par cas. Chaque situation est totalement différente, cette mention dans la loi ne laisse pas la liberté à la·au soignant·e d’accueillir la patiente comme elle·il le souhaite. Ces professionnel·le·s sont formé·e·s à l’avortement, il est impératif de leur laisser la liberté d’accueil sans pression ni culpabilisation.
Ma Vie en PLUS
L’IVG doit être accessible à toutes les femmes, sans pression sociale, sans tabou et sans culpabilisation. Dans l’optique d’améliorer l’accès des femmes à l’IVG en Belgique, Sofélia, la Fédé militante des Centres de Planning familial solidaires, revendique plusieurs avancées et met en garde face aux attaques directes et indirectes à la liberté des femmes de disposer de leur propre corps. Retrouvez-les sur www.sofelia.be