Des accompagnant.e.s pour la vie sexuelle des personnes en situation de handicap

Pour beaucoup d’entre nous, la sexualité est considérée comme un besoin important en raison de son impact sur le bien-être émotionnel et relationnel. Les personnes porteuses de handicap ne font pas exception. Elles aussi ont des besoins et des désirs sexuels.

Mais que faire pour assouvir ses envies lorsqu’on n’a pas ou plus l’autonomie nécessaire ? La sexualité permet pourtant de se sentir aimé et désiré, ce qui est essentiel pour l’estime de soi.

Rencontre avec Pascale Van Ransbeeck

Pascale Van Ransbeeck est la coordinatrice du Centre référent « Sexualité et Handicap » – Aditi Wallonie, un service du Centre de Planning Familial de la Province de Namur, qui propose un accompagnement aux personnes porteuses de handicap et qui ne savent pas/plus accéder seules à leur sexualité.

Ce service, agréé par la Région wallonne, permet aux personnes porteuses de handicap (mental, physique, autisme, … ) d’être accompagnées dans leur désir de sexualité.

Mme. Van Ransbeeck nous explique être fort sollicitée par les institutions car elles se sentent démunies face aux demandes de leurs résident.e.s. « Notre service est une des réponses possibles pour les personnes en situation de handicap. Sans lui certaines personnes n’auraient tout simplement pas accès à la sexualité ».

Comment se déroule une demande ?

« Lorsqu’on reçoit une demande, on analyse le profil de la personne afin de bien cerner ses attentes et son type de handicap. Lors d’une première rencontre, on aborde différentes questions telles que le consentement, le plan affectif… Il est essentiel que la personne en situation de handicap comprenne bien la démarche et soit consciente que même s’il y a du lien, ce n’est pas une relation amoureuse ».

Par la suite, la responsable transmet la demande vers l’accompagnant.e qu’elle pense être le/la plus approprié.e pour le.la bénéficiaire.

Comment se passe la rencontre entre le.la bénéficiaire et l’accompagnant.e sexuelle ?

« L’accompagnant.e se met en rapport avec le.la bénéficiaire, ou en fonction des situations, avec la famille ou l’institution dans laquelle la personne réside. Lors de ce contact, les détails pratiques sont abordés. L’endroit sera choisi en fonction des souhaits du.de la bénéficiaire : au domicile, à l’institution ou même à l’hôtel si c’est son choix. Une prestation dure une heure et coûte 100€ en plus des frais de déplacement ».

Les demandes d’accompagnement viennent-elles plutôt d’hommes ou de femmes ?

« Ce sont majoritairement des hommes, mais on accompagne aussi des couples. Les couples porteurs d’un handicap mental ont parfois besoin qu’on les aide à conceptualiser les choses. On peut également venir en aide aux couples où il y a un handicap physique et pour qui la mobilité durant l’intimité est compliquée ».

Les accompagnant.e.s sont ils/elles formé.e.s ?

Le Centre référent « Sexualité et Handicap » offre aux accompagnant.e.s une réelle formation tant sur le handicap que sur la vie sexuelle et affective. Chaque prestation est suivie d’un débriefing avec la/le bénéficiaire et l’accompagnant.e sexuel.le afin de s’assurer que la prestation se soit bien passée (attentes de la/du bénéficiaires, déroulement, points d’attention éventuels,…).

Zoé est accompagnante sexuelle depuis 4 ans. Elle nous explique comment elle a démarré cette activité.

« C’est un ami en situation de handicap qui m’a parlé de ce service. Dans la vie, je suis plutôt à l’aise avec ma sexualité. Je n’ai aucun problème à me dévoiler à des personnes que je ne connais pas. J’ai déjà donné mes cheveux, mon sang alors pourquoi pas mon corps (rire). Je suis assez à l’aise avec le handicap, je me suis dit pourquoi pas. A l’époque, je ne travaillais pas. »

« La sexualité est une question de santé mentale ! »

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’accompagnement des personnes porteuses de handicap ?

« Ce qui m’a plu dans un premier temps, c’est la découverte du/des handicap(s). Ce travail a bousculé ma manière d’envisager la sexualité. J’ai aussi complètement revu le concept de « normalité ». C’est quoi au fond être normal ou pas normal quand on parle de sexualité… ? En dehors d’un complément de revenus, (Zoé a entre-temps retrouvé un emploi) ce qui me plaît ce sont les retours positifs des bénéficiaires, je me sens utile à leur bien-être et c’est plutôt valorisant. »

La sexualité des personnes handicapées est encore taboue

Souvent taboue, la sexualité des personnes porteuses de handicap est pourtant une réalité. Elle est une composante fondamentale de l’être humain, qui dépasse les capacités physiques et touche à l’intimité, à la connexion émotionnelle, et au bien-être général.

L’agrément reçu récemment par le Centre référent « Sexualité et Handicap » est un pas en avant vers une reconnaissance du bien-fondé de ce type de structure. Il manque cependant toujours un cadre légal pour que l’accompagnement sexuel ne soit plus assimilé à de la prostitution, mais reconnu comme un soin.

Ma vie en PLUS :

Vous souhaitez en savoir plus sur le Centre référent « Sexualité et Handicap » – Aditi Wallonie ?

Siège administratif : Chaussée de Charleroi 112 à 5030 Gembloux

Téléphone : 081 777 162

Email : sexualite.handicap@solidaris.be

 

Vous vous posez des questions sur votre vie sexuelle et affective ?

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